A peine relancé, le train de nuit Paris-Lourdes a connu plusieurs dysfonctionnements.

Un témoignage médiatisé relate une interruption du trajet à Toulouse le 20 décembre, sans qu’aucune information, accompagnement ou dédommagement des voyageurs n’aient été mis en place par la SNCF.

En réalité, le « nouveau » train de nuit n’a circulé que quelques jours depuis son inauguration. Cet épisode nous rappelle les déboires sur certains TER de Nouvelle Aquitaine lors de l’hiver 2020 (1). Ou les mésaventures du train de nuit Strasbourg – Port-Bou à l’hiver 2010.

La SNCF a évoqué un « épiphénomène » dû au froid. En effet, les caténaires, encore alimentées par un système ancien de courant continu de 1500 volts, sont particulièrement sensibles au givre et la SNCF interrompt le trafic pour ne pas les abîmer. La SNCF pointe désormais le manque de personnel en raison du COVID.

Ces incidents sont révélateurs du manque chronique de moyens consacrés au service ferroviaire français existant. La Suisse dépense neuf fois plus par habitant que la France dans le système ferroviaire, l’Allemagne 2 fois plus.

Source : Allianz pro Schiene

Il n’est plus possible qu’en 2022, le gouvernement bride les moyens nécessaires au gestionnaire d’infrastructures, en rénovation comme en maintenance.

Il est temps de cesser de flécher tous les moyens sur les seules nouvelles Lignes à Grande Vitesse.

L’urgence est dans le doublement du financement affecté à la modernisation performante du réseau classique qui en a grandement besoin pour améliorer la fiabilité, la fréquentation et réduire les coûts de production.

A cela s’ajoute la rigidité du compartimentage de l’entreprise en activités complètement séparées, l’absence de réserves dans les effectifs de conducteurs et de contrôleurs (fragilité accentuée par le contexte de la pandémie) à laquelle il faut d’urgence remédier. Enfin, ces suppressions montrent que, pour la SNCF, les trains de nuit constituent une variable d’ajustement de toute difficulté ou manque de personnel qu’elle peut rencontrer.

Alors, OUI au renouveau des trains de nuit, mais avec les moyens qui l’accompagnent.

Sans les rénovations dont le réseau classique a besoin, la remise en service des trains de nuit, réalisée à la hâte, se limitera à un effet d’annonce, et ces trains de nuit pourraient être vite abandonnés par les voyageurs déçus, l’identifiant à terme comme un train non fiable.

Eva Sas, porte-parole
La Commission Transport et Territoires d’EELV


(1) – source : https://www.francebleu.fr/infos/transports/landes-la-sncf-annule-un-ter-entre-mont-de-marsan-et-bordeaux-a-cause-du-givre-1606123254
(2) – source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/l-interminable-epopee-du-train-strasbourg-port-bou-28-12-2010-1205090.php?ts=1641825050478
(3) – source : https://www.allianz-pro-schiene.de/themen/infrastruktur/schienennetz/