Le Burundi vit sa plus grave crise depuis la guerre civile qui a vu la mort de plus de 300 000 personnes entre 1993 et 2006. Cette crise est née, en avril dernier, de la décision de l’actuel président, Pierre Nkurunziza de postuler à un troisième mandat présidentiel, en violation de la Constitution et des accords d’Arusha qui ont mis fin à la guerre civile.

La réélection dans des conditions contestées, en juillet, de M.Nkurunziza, n’a pas mis fin aux mouvements populaires ni à leur répression ainsi qu’au climat de terreur instauré par le pouvoir burundais.

La situation a pris une tournure encore plus inquiétante ces dernières semaines. Alors que la crise qui mine le pays a des origines strictement politiques, les plus hautes autorités burundaises tentent de lui donner une dimension ethnique en multipliant les déclarations publiques menaçantes sur un registre lexical en vigueur durant le génocide au Rwanda.

Les forces de l’ordre, en réaction à des attaques dont la nature exacte reste à déterminer, ont mené ce week-end, dans les quartiers contestataires de Bujumbura, la capitale, des actions de sécurité qui n’ont été que le prétexte à des rafles et à de nombreuses exécutions sommaires. Des dizaines de morts sont à déplorer et se rajoutent aux plus de 250 victimes des forces burundaises officiellement recensées par l’ONU et aux plus de 200 milles personnes parties se réfugier dans les pays voisins depuis le début de la crise.

Les risques d’une nouvelle guerre civile mais aussi d’une régionalisation des violences sont donc réels. Les tensions avec le Rwanda s’exacerbent : le président du Rwanda, Paul Kagamé, accuse M.Nkurunziza de massacres tandis que le pouvoir burundais accuse le pouvoir rwandais de soutenir une rébellion armée.

EELV réaffirme sa solidarité à l’ensemble du peuple burundais et lui témoigne sa compassion pour les pertes humaines et les exactions subies.

EELV condamne les répressions sanglantes dont sont victimes les populations ainsi que les incitations à la haine ethnique auxquelles se livrent les autorités burundaises.

EELV appelle les responsables burundais à mettre fin aux violences et à trouver une approche de pacification contribuant à un processus politique dans le respect des accords d’Arusha de 2000.

EELV soutient le projet de résolution déposé le 14 décembre par les Etats-Unis au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU afin que soit déployée en urgence une mission pour mener une enquête rapide et complète sur les violations des droits de l’Homme dans ce pays. Celle-ci devra être suivie par la traduction devant la justice des responsables et commanditaires des massacres.

EELV soutient également les efforts de médiation de la Communauté Est Africaine (EAC).

EELV demande au Conseil de Sécurité des Nations Unies, à l’Union européenne et au Conseil de Paix de l’Union africaine de prendre au plus vite toutes les mesures nécessaires à la protection des populations ainsi que des sanctions contre les acteurs burundais qui concourent à la violence et entravent la résolution pacifique de cette crise.

EELV exhorte la Communauté internationale, qui a en mémoire le génocide rwandais ainsi que la précédente et meurtrière guerre civile burundaise, à agir en urgence et de manière concrète afin de mettre fin au drame qui se noue dans ce pays et de prévenir tout risque de déstabilisation et d’embrasement de la sous-région.

Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux