Entre le 30 janvier et le 5 février 2023 se sont déroulées, à Mombasa (Kenya), les négociations intergouvernementales concernant la chasse au thon de l’océan indien. L’Union européenne, et plus particulièrement la France, alliée au lobby de la pêche industrielle, ont défendu des positions colonialistes, irresponsables et destructrices de l’environnement.

Les différentes espèces de thon, maillon fondamental de la biodiversité, sont en danger critique d’extinction. 

Les différentes espèces de thon de l’océan indien (rouge, albacore, obèse, à nageoires jaunes, etc) sont un maillon essentiel de la biodiversité marine, étant à la fois des prédateurs régulant la population de leurs proies et une proie, source de nourriture pour les plus grands prédateurs. Le thon présent dans les assiettes françaises (boîtes au thon, sushis, etc) provient essentiellement de l’océan indien. Ces espèces sont en danger critique d’extinction. 

Par exemple, 97% des thons albacore pêchés par l’Espagne et la France dans l’océan indien sont des juvéniles ne s’étant jamais reproduits. Si ce massacre continue, des espèces de thons auront disparu dans dix ans !

Alliée au lobby de la pêche industrielle, l’Union européenne, et plus particulièrement la France, ont tenté d’imposer des mesures colonialistes, irresponsables et destructrices de l’environnement. 

Les dispositifs de concentration de poissons sont des radeaux artificiels destinés à capturer plus facilement les thons qui s’agglutinent d’instinct autour des objets flottants. Certains thoniers industriels peuvent embarquer plus de 300 DCP reliés les uns aux autres et formant de gigantesques toiles d’araignées de plusieurs kilomètres carrés. 90% des thons pêchés par les grands industriels espagnols et français le sont par DCP. Attirant les poissons sans distinction d’âge, et notamment les juvéniles, capturant des espèces protégées de tortues, de requins ou de mammifères marins, les DCP sont un outil de pêche destructeur de l’environnement. 

Les pays extra-européens, emmenés par le Kenya et l’Inde, réclamaient une limitation, voire une interdiction de l’utilisation des DCP. L’Union européenne, et notamment la France, se sont fortement opposés à ce progrès écologique, tentant de protéger à tout prix la pêche industrielle. Elle a finalement été mise en minorité, permettant l’adoption d’une mesure intermédiaire : l’interdiction des DCP trois mois par an. Néanmoins, cette mesure reste insuffisante. A minima, il faudrait en effet réduire la taille des DCP afin de limiter leur utilisation à une pêche artisanale.

Cette attitude court-termiste irresponsable et destructrice de l’environnement s’est doublée d’une attitude colonialiste. L’Union européenne a en effet refusé une plus juste répartition des quotas de pêche en direction des pêcheurs côtiers d’Afrique et d’Asie. 

EELV réclame un changement complet de la position diplomatique de la France et de l’Union européenne, vers une gestion durable des populations de thons et un rééquilibrage en direction des pêcheurs des rives de l’océan indien. Cette fuite en avant ne rend service à personne, même pas aux industriels de la pêche qu’elle est censée défendre, puisque la disparition des thons mettra de fait un terme à leur activité économique.

Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-parole d’EELV
La commission Biodiversité