Suite à l’accord conclu sur le dossier nucléaire iranien, Hassan Rohani, le Président de la République Islamique d’Iran effectue une visite d’État en France. Cette visite vise à rétablir les relations diplomatiques, commerciales et politiques entre les deux pays et l’Occident. Le gouvernement iranien, dans un contexte de crise économique et d’un long isolement politique sur le plan international, cherche une légitimité après l’abandon des sanctions qui frappent l’économie iranienne. De son côté, la France souhaite se positionner sur le marché iranien et trouver un éventuel rapprochement sur la question syrienne. La position géostratégique de l’Iran, la lutte contre l’État Islamique, le soutien à Bachar El Assad et au Hezbollah, poussent la France à rééquilibrer sa diplomatie moyen-orientale.

L’accord sur le nucléaire militaire ne doit pas faire oublier que les droits humains continuent à être bafoués. Les femmes subissent des restrictions de leurs droits, des intellectuels et journalistes sont contrôlés et réprimés, des opposants et des militants syndicalistes sont emprisonnés, la liberté de culte et de pensée est limitée. Selon Amnesty international plus de 700 personnes ont été condamnées à mort et exécutées en 2015, faisant de l’Iran, le premier pays en nombre d’exécutions. Les conflits internes au régime favorisent une corruption généralisée et une injustice sociale de grande ampleur.

Cependant, ces luttes entre Conservateurs et Réformateurs , accentuées par le contexte des élections à venir, plus les demandes de la société civile face à la répression et à une crise économique pressante, permettent une libéralisation, que même les mouvements de femmes reconnaissent.

Au niveau régional, les rivalités avec ses voisins arabes, au premier rang desquels l’Arabie saoudite, constituent un obstacle à la recherche d’une paix durable, comme on peut le constater en Syrie et au Yémen…

Par ailleurs, la destruction de l’environnement a atteint un niveau catastrophique. La crise écologique du lac d’Orumieh, l’assèchement de certains lacs et fleuves, la destruction des zones humides et des forêts et la pollution de l’air, sont quelques aspects de cette tragédie environnementale. Quant aux émissions de CO2, l’Iran se classe en dixième position. Aujourd’hui la crise de l’eau et la sécheresse constituent un défi majeur pour la société iranienne. Le gaspillage des ressources dans le domaine nucléaire et l’absence d’une vision écologique ont empêché des initiatives dans le développement des énergies renouvelables et la reconversion de l’exploitation pétrolière rendue indispensable par le réchauffement climatique.

Pour EELV, les aspirations du peuple iranien à la liberté, à la justice et au respect de ses droits fondamentaux, ne doivent pas être sacrifiées à des enjeux diplomatiques, économiques, voire à des accords commerciaux.

Dans le cadre de la normalisation de leurs relations avec l’Iran, EELV appelle la France et l’Union européenne à œuvrer pour que ce pays mette fin à la peine de mort, à la pratique de la torture et s’engage dans un véritable développement soutenable, soucieux de justice sociale et contribuant à la lutte pour le climat initiée par le récent Accord de Paris.

Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux