Le premier tour de l’élection présidentielle autrichienne, le dimanche 24 avril, constitue un séisme politique : les deux partis  traditionnels, le parti social-démocrate (SPÖ) et le parti conservateur (ÖVP) qui gouvernent alternativement l’Autriche et ont fourni tous ses présidents depuis la seconde guerre mondiale ont été brutalement congédiés avec chacun 11 % des voix, alors que le candidat du parti d’extrême-droite (FPÖ), Norbert Hofer est arrivé largement entête avec 36,40 % des voix, devançant le candidat vert Alexander Van der Bellen (20,8 %) et une candidate indépendante de centre-droit, Irmgard Griss (18,5 %).

Dans ce contexte de désaveu des forces politiques traditionnelles, d’autant plus cinglant qu’elles sont aujourd’hui au pouvoir en Autriche dans le cadre d’une grande coalition, le second tour d’une élection présidentielle opposera donc,  pour la première fois au monde, un écologiste à un représentant de l’extrême droite. Le second tour qui se tient dans un mois sera décisif. Et le sens de ce scrutin dépasse donc largement le cadre de l’Autriche.

Alexandre Van der Bellen, un économiste de 72 ans qui a longtemps été, de 1997 à 2008 le président des Verts autrichiens et de leur groupe parlementaire, a une réputation d’homme sage et expérimenté qui explique sa popularité. Alors que la campagne s’est largement polarisée sur la crise des migrants, Alexandre Van der Bellen, fils de réfugiés russes lui-même, a continué de défendre un accueil généreux des migrants, tel que l’Autriche l’avait initié à la fin de l’été 2015 dans un grand élan de solidarité. Au contraire du gouvernement de coalition SPÖ/ÖVP, initialement proche de la position d’ouverture d’Angela Merkel, mais qui a opéré un revirement à 180 degrés dans le vain espoir de contenir l‘extrême droite, en restreignant drastiquement le nombre des demandes d’asile, le nombre de passages autorisés, et en édifiant un mur barbelé à la frontière de la Slovénie. Les électeurs ont préféré l’original à la copie en portant le candidat d’extrême-droite en tête.

Alexander Van der Bellen a courageusement annoncé que dans ce pays où le président a des droits limités, et où traditionnellement il nomme à la tête du gouvernement le leader du parti arrivé en tête aux législatives, il ne nommerait pas le leader du FPÖ au cas où ce parti, comme le précisent les sondages, arriverait en tête aux législatives prévues en 2018.

Europe Écologie Les Verts apporte tout son soutien en vue de ce second tour décisif à Alexandre Van der Bellen afin que l’humanisme et la solidarité l’emportent en Autriche sur la xénophobie et le repli.

Julien Bayou et Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux