Derrière la crise grecque, c’est l’avenir de l’Europe toute entière qui se joue sous nos yeux d’écologistes pro-européens.

Elle fait d’abord ressortir l’indigence des dirigeants européens, qui se cachent derrière leurs ministres des finances et derrière les institutions européennes pour se replier derrière leurs petits égoïsmes nationaux. Elle rappelle aussi, à travers le combat d’Alexis Tsipras, l’idéal démocratique européen.
Le rôle de la France n’est pas de se ranger derrière l’orthodoxie d’un Martin Schulz, d’un Pierre Moscovici ou d’une Christine Lagarde. Il est de tout faire pour transformer le cri d’un peuple en point d’appui pour construire une autre Europe.

La crise grecque est donc pour nous une double opportunité :
D’abord, nous avons l’occasion de construire une Europe anti-corruption et anti-évasion fiscale, pour reprendre les termes d’Eva Joly. L’Europe doit soutenir Alexis Tsipras dans sa volonté d’imposer les plus riches, d’augmenter la fiscalité des grandes entreprises pour ensuite harmoniser les bonnes pratiques, moraliser et démocratiser toute l’économie européenne.
Deuxième opportunité : mettre sur la table toute la question des dettes. C’est pourquoi nous demandons, avec nos parlementaires européens, comme au sortir de la seconde guerre mondiale, que se tienne une grande conférence européenne sur la dette, qui déboucherait sur une restructuration non seulement de la dette grecque, mais aussi de celle du Portugal, de l’Italie, de l’Espagne, pourquoi pas de la France et d’autres pays européens.

Tous les pays d’Europe payent aujourd’hui les conséquences d’une crise financière privée, importée des États-Unis et transformée brutalement en dette publique par le sauvetage des banques. Malgré ses défauts et ses erreurs, la Grèce n’est pas le mouton noir, elle nous montre au contraire le chemin que nous devons suivre pour remettre la finance à sa place et retrouver une souveraineté des peuples européens par rapport aux marchés financiers.

Oui il faut une renégociation et une restructuration de la dette grecque. Des réformes courageuses tournées vers la justice sociale, l’impunité fiscale des plus riches, des droits nouveaux accordés aux salariés.
Oui il faut réaffirmer haut et fort que la place de la Grèce est dans l’Europe et que l’idée même qu’elle la quitte est insupportable.

 

Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV