Le 24 décembre 2020, le Tribunal Administratif de Cayenne a rendu son délibéré et a « enjoint l’État à prolonger » la concession minière de « la Compagnie Montagne d’Or » en Guyane dans un délai de 6 mois. Cette décision a été rendue alors que l’État n’a pas daigné se présenter devant les juges du Tribunal Administratif pour argumenter son refus implicite.  En mai 2019, le gouvernement et le chef de l’État, s’étaient prononcés contre la poursuite de ce projet porté par le consortium russo-canadien Nordgold-Columbus Gold « qui ne se fera pas, disaient-ils ». Cependant, l’État ne semble pas avoir l’intention de clore ce projet, ni d’arrêter ceux du même ordre. Le projet d’exploitation « Espérance » sur le territoire de la commune d’Apatou, située sur les rives du fleuve Maroni, en est un exemple. Ce dernier a été voté à 12 voix contre 5 par la commission des mines après l’annonce de l’arrêt du projet Montagne d’Or. Les conséquences restent préjudiciables sur le plan écologique et peu profitables à l’économie locale.

Montagne d’Or c’est un déboisement total de près de 1513 hectares de forêt, entre deux réserves biologiques intégrales à très forte valeur écologique, qui met directement en péril pas moins de 2000 espèces végétales et animales dont 127 sont protégées. C’est aussi l’usage de 45 000 tonnes de cyanure, 55 000 de tonnes d’explosifs, 195 millions de litres de fuel et un déplacement de 54 millions de terre pour 1,6 gramme d’or par tonne, et une gigantesque crevasse de la taille du stade de France au beau milieu de la forêt amazonienne.

Sur le plan économique, le secteur de l’extraction est le moins rentable et ne stimule que très peu l’économie locale. Si la Guyane a réellement besoin d’investissements afin de développer son économie, elle doit se tourner vers des secteurs porteurs, en adéquation avec la soutenabilité et la valorisation durable de sa richesse culturelle et écologique tels que : l’agriculture, le tourisme, le développement des énergies renouvelables, le traitement des déchets dans le cadre d’une économie circulaire s’appuyant sur une filière de recyclage qui lui seront bien plus profitables ; tout en confortant la filière pêche, deuxième pourvoyeuse d’emploi, dans sa structuration.

Ce projet est en totale contradiction avec les engagements internationaux pris par la France lors de l’Accord de Paris. Le Président Macron qui se félicitait sur la chaîne BRUT de n’avoir de leçons à recevoir de personne, car il est celui qui a arrêté les projets que tout le monde laissait traîner (Notre-Dame-Des-Lande, EuropaCity et Montagne d’or dit-il), doit joindre la parole aux actes en s’assurant que l’État s’engage réellement dans l’arrêt total et définitif de la structuration d’une filière minière industrielle en Guyane qui ne profite à personne d’autre qu’aux multinationales.

Mais la réforme actuelle du code minier que mène le gouvernement ne semble pas aller dans cette direction. Si elle vient à aboutir, ce seront une quarantaine de concessions et permis qui viendront s’ajouter aux 360000 hectares de concessions et permis de recherches aurifères qui seront accordés en Guyane, et ne ferait qu’accentuer la déforestation et aggraver les écosystèmes déjà fragilisés. Directement concernées, les populations amérindiennes ont déjà fait savoir leurs mécontentements et leur opposition à cette filière minière industrielle qui ne respecte pas leur droit à un avis émis par le Grand Conseil Coutumier qui s’oppose à la destruction de leur espace de vie et à leur rapport avec la nature.

La Commission Europe Écologie Les Verts Outre-mer, demande au gouvernement d’interjeter le plus rapidement appel pour défendre, en présentiel lors de l’audience, le refus implicite qu’elle a fait. Les intérêts de la Guyane ne sont pas dans les mines mais dans un développement durable local s’appuyant sur des ressources renouvelables.

Nous appelons, l’ensemble des forces écologistes, sociales et humanistes à se mobiliser afin de peser de tout leur poids dans l’arrêt définitif de tous projets d’industriels miniers de grande ampleur en Guyane en signant et faisant signer la pétition : https://www.sauvonslaforet.org/petitions/1084/non-a-la-mine-dor-industrielle-en-guyane

Alain Coulombel et Eva Sas, porte-paroles
La Commission Outre-mer d’EELV