A l’heure où l’Arabie Saoudite s’apprête à exécuter et crucifier un jeune opposant politique, Ali Al Nimr, la France doit prendre position.

Ali Al Nimr, actuellement âgé de 21 ans, a été condamné à mort sur la base d’aveux obtenus sous la torture, dans le contexte d’une répression contre des opposants politiques chiites dont l’oncle d’Ali Al Nimr, haut dignitaire également condamné à mort. On lui reproche d’avoir participé à des manifestations en 2012, alors qu’il était âgé de 17 ans.

Son cas s’ajoute à la longue liste des personnes condamnées à mort ou à des châtiments corporels pour des crimes de droit commun ou pour des prises de position politique, comme le journaliste Raif Badawi, condamné à la flagellation et qui purge actuellement sa troisième année de prison. Amnesty international rappelle que « l’Arabie saoudite demeure l’un des cinq pays pratiquant le plus grand nombre d’exécutions au monde ; de nombreuses infractions ne constituant pas des crimes de sang sont passibles de la peine de mort : adultère, vol à main armée, apostasie, trafic de stupéfiant, enlèvement, viol, « sorcellerie ».

L’Arabie Saoudite, qui vient d’être élue au Conseil des droits de l’homme aux Nations-Unies, montre un mépris flagrant pour ses propres engagements internationaux comme la Convention contre la torture (ratifiée en 1997).

De son côté, la France, qui entretient des relations diplomatiques « étroites et denses » avec le royaume, est devenue un partenaire commercial de premier plan, en particulier dans les domaines militaire et de l’énergie nucléaire. Rappelons qu’ avec 6,4 milliards de dollars, l’Arabie saoudite, est depuis 2014 le premier importateur mondial d’équipements militaires. C’est aussi le premier client de la France au Moyen-Orient. En effet depuis 2010, nous avons vendu pour 8 milliards d’euros d’armes à l’Arabie Saoudite, sans aucune garantie quant à leur usage contre les populations civiles du pays, ou des pays voisins comme le Yémen, actuellement sous le feu de bombardements meurtriers d’une coalition menée par ce pays.

En matière de lutte contre le terrorisme, il est pour le moins paradoxal d’être l’allié de l’Arabie saoudite pour l’éradiquer, puisque depuis plus de cinquante ans, l’Arabie saoudite est le sponsor officiel du salafisme à travers le globe.

Aussi, EELV demande instamment au gouvernement français de revoir sa politique diplomatique vis à vis d’un Etat qui viole délibérément les valeurs que nous prétendons défendre dans le monde.

Si les écologistes saluent l’appel du président Français à l’Arabie saoudite pour « qu’elle renonce à l’exécution du jeune Ali al-Nimr » et à l’odieuse crucifixion, EELV insiste pour que cet appel s’accompagne de l’annonce de mesures de rétorsions contre le régime wahhabite en cas d’exécution du jeune Al Nimr, qu’il s’agisse de contester sa place au conseil des Droits humains de l’ONU ou de l’accuser devant ce même conseil.

EELV demande en outre au gouvernement français de saisir cette opportunité pour exiger un moratoire sur l’exécution des peines de mort.

Julien Bayou, Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux