Le déluge meurtrier de samedi dernier est d’abord un drame humain. Quelques jours après ce terrible choc, l’émotion est toujours aussi vive : 20 morts auxquels s’ajoutent de nombreux blessés et des disparus. J’adresse une nouvelle fois mes condoléances aux familles des victimes et à leurs proches.

Ce drame illustre tristement ce que nous dénonçons depuis si longtemps : l’urbanisation galopante des villes et la destruction progressive de la nature en leur sein. Dans des cas de forte intensité pluviométrique, comme ce fut le cas samedi dernier, les sols ne sont plus capables d’absorber l’eau : la disparition des arbres ou des forêts et les terres grignotées par l’étalement urbain l’autorisent à dévaler sans entrave sur les centres villes. La terre absorbe, le béton rejette.

Derrière ces catastrophes dites « naturelles », il y a des choix humains. Une vraie prise de conscience doit naître sur les conséquences du tout-béton, rémunérateur à court terme, au dépend de la sécurité des populations : construire en zone inondable, c’est irresponsable.

Je me suis rendue dans les Alpes-Maritimes pour apporter mon soutien aux habitants, bénévoles et élus locaux, quelques jours après ces terribles inondations. J’y ai vu de formidables témoignages de solidarité et de dignité. J’y ai vu aussi la folie de la construction de nombreux complexes touristiques hôteliers pour clients fortunés, qui se font au détriment du logement des populations locales et des classes populaires.

Engager un nouveau modèle de développement et repenser un urbanisme durable est la priorité. Un arbre vaut plus qu’une place de parking. Il faut rendre obligatoire la prise en compte des plans de prévention des risques d’inondations et mettre de l’argent sur des bassins de rétention et l’entretien des cours d’eau. Les méthodes d’information et d’alerte doivent être également repensées et développées au service des populations. C’est pourquoi les écologistes demandent le maintien des crédits alloués à l’écologie dans le budget de l’Etat pour 2016, en baisse pour la quatrième année consécutive.

Ces intempéries illustrent enfin l’importance du rendez-vous de la conférence-climat en décembre prochain. Le dérèglement climatique les rendra de plus en plus fréquentes et violentes. Il est urgent de prendre la mesure du danger pour privilégier un aménagement durable et un modèle économique prenant en compte la juste valeur de la nature… et sa nature parfois capricieuse.

Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV