Trois semaines à la dérive pour être privé·es de liberté et de droits : notre République a le devoir d’accueillir dignement les rescapé·es de l’Ocean Viking.

Après 3 semaines d’errance en Méditerranée, le gouvernement français a finalement accepté de laisser l’Océan Viking et ses 234 rescapé·es accoster et débarquer dans le port de Toulon. C’est d’abord avec soulagement que les écologistes ont accueilli cette annonce qui répond à une urgence humanitaire et un devoir juridique et éthique, celui de sauver des personnes en situation de détresse et en grande souffrance physique et psychique.

L’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étranger·es (Anafé) dénonce des violations manifeste du droit d’asile. Les personnes portent des bracelets avec numéro, n’ont accès ni à l’interprétariat, ni à un conseil juridique, ni à un suivi psychologique. Il n’y a pas de téléphones disponibles et de visites de proches possibles. Enfin, l’Agence France Presse fait état de ce que 44 des 234 rescapé·es de l’Ocean Viking seraient déjà en passe d’être expulsé·es, “dès que leur état de santé le permettra”, selon les termes de Gérald Darmanin.

Alors que l’on aurait espéré un débarquement des passager·es afin qu’elles et ils puissent poursuivre leur parcours migratoire et un accueil inconditionnel, le tableau s’est rapidement terni. Les personnes débarquées ont immédiatement été emmenées dans une « zone d’attente », un espace entièrement surveillé par l’armée d’où elles ne peuvent pas sortir, une zone de non-droit transitoire hors frontières, la France sans être vraiment en France. Qu’ont-elles fait de répréhensible pour être ainsi privées de liberté ? De plus, la France n’accueillera finalement que 50 personnes, une goutte d’eau pour un pays de 66 millions d’habitant-e-s, uniquement bénéficiaires du statut de réfugié·e et promet d’expulser toutes celles qui n’y répondraient pas. C’est bien mal connaître la complexité des causes de départ qui poussent des femmes et des hommes sur la dangereuse route de l’exil.

Alors que la décision d’ouvrir un port à l’Océan Viking semblait dans un premier temps aller dans la logique de ce que le bon sens éthique nous impose, ce n’était qu’une façade. La réponse apportée par l’Etat français à une demande d’accueil et d’humanisme n’est pas à la hauteur de ce que l’on pourrait attendre d’une des premières puissances économiques du monde, d’une République, d’un état de droit et d’une démocratie.

Les écologistes rappellent qu’ouvrir sa porte à celles et ceux qui viennent y frapper au péril de leur vie est un devoir. L’asile est un droit des personnes et un devoir de notre République. Il est urgent de s’opposer au naufrage de nos valeurs qui a déjà coûté trop de vies humaines.

Alain Coulombel et Chloé Sagaspe, porte-parole
La commission Immigration d’EÉLV