Elisabeth Borne présentait aujourd’hui un premier bilan devant le Conseil national de la transition écologique. Pour EELV, c’est une fois de plus un bilan atone et des perspectives très insuffisantes au regard des urgences écologiques. 

Si l’on devrait se féliciter du fait que le gouvernement relève son objectif pour viser une baisse de 50% des gaz à effet de serre d’ici 2030, on reste pour le moins dubitatif sur sa capacité à l’atteindre. Échaudés à la fois par leurs renoncements successifs à atteindre les objectifs fixés par exemple sur la qualité de l’air, la restauration collective (EGALIM) ou encore la réduction de l’usage des pesticides mais aussi conscients que depuis 5 ans, comme l’a souligné le Haut Conseil pour le Climat à de nombreuses reprises ou encore le Conseil d’État dans plusieurs décisions, le gouvernement ne tient pas la trajectoire nécessaire pour atteindre les objectifs qu’il s’était fixé. Ils n’arrivaient pas à convaincre les autorités indépendantes d’une trajectoire à -40%, rien ne laisse penser qu’ils pourront faire -50%. 

Rehausser les objectifs est nécessaire mais ne sera pas suffisant. Il faut désormais réellement lever les obstacles qui sont connus et qui nécessitent d’appliquer 3 principes :

  1. D’abord partager avec les Françaises et Français une vision claire et constante. Ce qui leur semble impossible lorsqu’on voit que ces annonces interviennent 10 jours après les déclarations du président de la République qui appelait à une “pause” pour éviter de nouvelles contraintes réglementaires. Or, comment serait-il possible d’atteindre de nouveaux objectifs sans nouvelles réglementations ?
  1. Avoir un effort financier public prévisible, stable et à la hauteur des ambitions. Or cela n’est pas le cas lorsqu’on apprend aujourd’hui que Matignon ne souhaite pas financer autrement que par des économies les investissements pour la transition. Quand on connaît l’état de nos services publics, cela rend impossible d’atteindre les objectifs et notamment de trouver les 15 à 30 Mds€ d’investissements publics annuels, d’ici 2030. Utiliser de la dette publique est pleinement justifié pour contribuer à notre part pour garder une planète vivable. Cet effort est soutenable par les marchés financiers comme l’a précisé le rapport PIsani Ferry publié ce jour.
  1. Garantir que cette transition soit juste socialement et fiscalement. Porter l’effort « à hauteur des émissions réalisées, des capacités et des moyens de chacun » comme le dit si bien Madame Borne, c’est mettre dès maintenant à contribution celles et ceux dont le niveau de vie détruit la planète, les plus hauts patrimoines et certaines entreprises qui échappent massivement à l’impôt. Cela permettrait de dégager des recettes fiscales et de participer à garantir l’acceptabilité sociale de cette même transition. Ce Président a supprimé l’ISF, a mené une politique continue de cadeaux fiscaux, et refuse toujours la mise en place d’un ISF climatique. 

Au total, nous sommes de plus en plus effrayés par l’absence de réelle vision et du courage politique nécessaire pour mettre en œuvre la transition.

“Nous n’avons pas un instant à perdre pour la transition écologique. » Oui, madame Borne, agissons dès maintenant : isolons les logements, développons massivement les énergies renouvelables, les transports collectifs et peu chers, sortons l’agriculture du modèle productiviste et des pesticides, et soutenons les services publics, en particulier ceux dont les missions sont directement liées à la préservation de notre environnement. Maintenant.