On aurait pu imaginer que le projet de loi des Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) de Paris 2024 pourrait rapprocher les Françaises et les Français du sport et aider le mouvement sportif mis à mal par l’hémorragie du bénévolat. Hélas, il n’en est rien !

Bien loin des valeurs de l’olympisme, le projet de loi JOP, soumis au Sénat ces jours-ci, contient une inquiétante dérive sécuritaire ainsi qu’un ensemble de dérogations qui profiteront pour une large part aux sponsors privés de l’événement.

Non les JOP ne doivent pas être un galop d’essai pour le déploiement des technologies de surveillance reposant sur l’intelligence artificielle.

Le projet de loi autorise l’expérimentation de dispositifs de vidéo surveillance utilisant des algorithmes d’intelligence artificielle et prévoit par ailleurs la généralisation des scanners corporels. L’expérimentation s’étend bien au-delà des Jeux de Paris 2024 puisque le texte envisage de déployer ces systèmes aux manifestations culturelles, récréatives et sportives se déroulant sur le territoire français jusqu’en juin 2025.

Halte à la dérive Big Brother de Paris 2024 !

Outre la menace, soulignée par la CNIL, qu’elles font peser sur les libertés individuelles, ces technologies représentent un coût faramineux alors même qu’aucune étude publique et scientifique n’a jamais confirmé leur efficacité. Pour notre démocratie, cette dérive sécuritaire est une grande source d’inquiétude. Nous demandons le retrait de l’article 7.

Dérogations publicitaires pour le relais de la flamme : quelle est la contribution des opérateurs privés à cette opération ?

Combien va coûter le passage de la flamme olympique aux contribuables ? 180 000 euros par jour, versés par chaque Conseil départemental traversé. Environ 60 Départements ont annoncé leur participation à l’événement. Combien coûtera le passage de la flamme olympique aux partenaires privés de l’événement (groupe BPCE, Coca Cola…) ? Secret des affaires oblige, on ne pourra pas connaître le montant.

Le projet de loi JOP prévoit pourtant que ces partenaires privés puissent bénéficier de dérogations pour l’affichage de leurs logos sur l’espace public et à proximité des monuments historiques 15 jours avant et 7 jours après le passage de la flamme olympique.

Transparence de la contribution publique versus opacité de la contribution privé : l’absence de parallélisme de traitement est scandaleuse, et ce, d’autant plus que la Cour des Comptes vient, dans son rapport du 11 janvier 2023, de dénoncer l’opacité financière du relais de la flamme olympique.

Propositions

Cette loi, en grande partie destinée à contourner par voie dérogatoire la loi actuelle, est le symbole de l’abandon progressif des objectifs de Paris 2024 qui annonçaient un changement de modèle pour ces Jeux. Comme les précédents, ils seront un formidable accélérateur d’incitation à la consommation, coûteront plus cher que prévu aux contribuables – c’est déjà le cas ! – et rateront l’objectif affiché de faire de la France une nation sportive.

Avec 400 millions d’euros, montant de la récente hausse du budget du COJOP il aurait été par exemple possible de financer le remboursement du sport sur ordonnance par la sécurité sociale ou encore de soutenir exceptionnellement la formation et la reconnaissance des éducateurs et éducatrices sportives qui agissent au quotidien sur le terrain pour que toutes et tous aient accès à une pratique sportive émancipatrice.

Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-parole nationales
La commission Sport, Tourisme et Loisirs d’EELV