Texte non soumis au vote

L’année 2021 sera une année cruciale sur le plan politique, non seulement à cause des deux échéances électorales de juin, mais parce qu’elle sera décisive dans la préparation des législatives et présidentielles de 2022. Cette contribution vise à éclairer notre débat interne et mettre au même niveau d’information l’ensemble des adhérents d’EELV.

1)     Une pluralité d’initiatives

Depuis le premier confinement, de nombreuses initiatives « citoyennes », rendues publiques ou existant de manière confidentielle, ont vu le jour, avec pour objectif principal d’éviter la multiplication des candidatures aux présidentielles de 2022, en œuvrant à l’émergence d’une candidature commune capable de rassembler l’arc humaniste autour d’un projet co-construit écologiste, solidaire et démocratique. Tour d’horizon, non exhaustif, de ces différentes initiatives :

  • Archipel de l’écologie et des solidarités (dont EELV fait partie) qui se donne pour mission de renouveler les méthodes de fonctionnement entre et au sein des organisations politiques (l’archipel de Glissant) en faisant prévaloir des logiques de coopération et d’articulation, contre les logiques de concurrence et de compétition qui dominent actuellement le champ politique et sont inappropriées à la construction d’une réelle politique écologiste. https://archipel.ecolosolidaire.org/
  • Initiative 2022 (vraiment) en commun qui a lancé une pétition (+25 000 signataires à ce jour) en vue d’une candidature commune des écologistes et des gauches en 2022. Une lettre a été adressée aux partis politiques afin de les rencontrer pour discuter avec eux d’un processus permettant d’arriver à un socle commun de propositions et à un contrat de législature. Une lettre aux artistes et sportifs sera publiée. D’autres initiatives sont prévues au cours du premier semestre. https://www.2022encommun.fr/
  • Résilience Commune qui rassemble les organisations de jeunesse des gauches et des écologistes (Jeunes écologistes et jeunes issus d’EELV, Jeunes Génération.s, jeunes du PS, jeunes du PCF, jeunes de la FI…) afin de faire pression sur les organisations partisanes pour aboutir à une candidature commune. Le mouvement, qui rassemble également des jeunes militant.e.s non encarté.e.s., réalise également un travail programmatique visant à souligner les lignes convergentes et à travailler les points de dissensus entre les différentes sensibilités de l’arc écologiste et humaniste. https://www.resiliencecommune.fr/
  • Écolos et humanistes : mouvement né au sein d’EELV afin de porter la ligne d’union de la gauche et des écologistes dans le parti ; il organise aujourd’hui des discussions informelles avec des militant.e.s d’autres partis notamment de la FI. https://lesecolohumanistes.fr/
  • Union des gauches : mouvement créé par divers militant.e.s, appartenant ou non à des partis politiques, dont l’objectif est de comparer les programmes et de réfléchir à un processus permettant de réaliser l’union. https://www.uniondesgauches2022.org/
  • Festival des idées organisateur d’un festival annuel (le 3° en 2021) à la Charité sur Loire permettant de réunir autour des idées les acteurs écolos et de gauche, chercheurs, syndicalistes… C’est par ici
  • Initiative Commune : initiative portée par les organisateurs du Festival des Idées, visant à rassembler les gauches et les écologistes ; le travail accompli jusqu’à aujourd’hui a essentiellement consisté en des discussions informelles et des prises de position communes sur certains sujets spécifiques. https:// linitiativecommune.fr/
  • Fabrique éphémère : issue de l’Initiative Commune, ce groupe a vocation à faire un solide travail programmatique autour des bases pouvant unir les gauches et les écologistes.
  • Rencontre des Justices (RDJ) qui a produit à partir de 300 citoyens engagés un document autour de 30 objectifs de justice pour 2030 (voir document joint) et un second centré sur le processus de désignation d’unE candidatE pour les présidentielles. https://rencontrejustices.org/
  • Les Jours Heureux : objectif initial d’organiser une série d’assemblées populaires pour établir un nouveau programme des Jours Heureux de manière indépendante des enjeux strictement électoraux ;

2)     La construction d’un pôle citoyen

Aujourd’hui, ces différentes initiatives sont en train de converger au sein d’une inter coalitions (qui se réunit chaque semaine) en vue de construire un pôle citoyen cohérent et suffisamment fort afin d’influer sur la

logique compétitive des partis et préparer, dans un cadre unitaire, les échéances électorales de 2022. Il s’agit donc dès à présent de commencer à construire un processus politique qui permette à la fois l’intervention citoyenne pour peser sur les partis politiques et à ces derniers de participer sans renier leur identité dans une démarche unitaire. Dans ces conditions l’unité n’est plus de l’ordre de la proclamation incantatoire mais relève à la fois de la construction d’un rapport de forces et d’un processus de co-construction avec les partis. C’est l’enjeu des prochains mois.

Dans cet esprit, plusieurs initiatives sont envisagées au cours du premier semestre : la suite des Rencontres des Justices (15/01), la rencontre des signataires de 2022 vraiment en commun (23/01), les marches des Justices (mars), le projet de primaire des idées, le projet d’auditions citoyennes (une fois par mois) des candidat.e.s déclaré.e.s, potentiel.le.s ou proposé.e.s par le pôle citoyen, l’ambition de proposer une primaire citoyenne…

3)     Du coté des partis politiques : le bal des prétendants

Il faut bien le reconnaître, la situation en ce début d’année 2021, n’est guère favorable à une candidature commune et à processus co-construit pour les échéances de 2022 : JLM a déjà annoncé sa candidature pour les présidentielles, le PCF se prépare pour 2022, EELV a décidé d’une primaire de ses candidat.es d’ici la fin septembre 2021, quant au PS il propose une primaire de tous les candidatEs (gauche+écolo) à l’automne 2021. Dans ces conditions, tout semble en place pour qu’une multitude de candidatures émergent, à côté de celle de JLM, d’ici la fin de l’année : Yannick Jadot, Eric Piolle, Sandrine Rousseau, Fabien Roussel, Anne Hidalgo, Arnaud Montebourg, Christine Taubira (sans parler des Cambadélis et Royal)…alors que les écologistes et les gauches, même rassemblés, ne sont pas assurés d’être au second tour de la présidentielle. Cette situation est dramatique pour plusieurs raisons :

  • elle conduit à reproduire l’affrontement de 2017 entre Macron- Le Pen (ou un représentant de la droite dure) ;
    • ensuite parce qu’elle peut ouvrir la voie à la victoire de Le Pen et à ses conséquences dramatiques tant sur le plan intérieur que sur le plan européen et mondial ;
    • enfin parce qu’elle serait cause d’un désespoir massif qui compromettrait les capacités de mobilisations sociales et citoyennes à venir

Nous le savons aucune force écologiste ou à gauche ne peut gagner seule. Alors que faire ?

La montée en puissance d’un pôle citoyen est une chance. Elle seule peut conduire les forces politiques à retrouver la raison. Elle seule peut refaire naître un intérêt large pour l’échéance de 2022 et ainsi endiguer l’abstention, là où les partis politiques peinent à apporter des solutions à la défiance montante des citoyennes et citoyens envers leurs représentant.e.s politiques et les partis politiques en général. Si des divergences, entre les formations politiques, existent, elles ne doivent pas être un obstacle absolu pour gouverner ensemble. Il serait tout à fait possible de mettre en place, dès maintenant, une instance de dialogue regroupant l’ensemble des forces écologistes et des gauches. Il serait tout à fait possible, dans ce cadre, de discuter d’un socle commun de propositions, d’un contrat de législature et d’une majorité législative, permettant de prendre des mesures applicables immédiatement et en rupture avec les politiques passées. Les points de désaccord pourraient être tranchés par un processus citoyen comme la primaire des idées ou par une convention citoyenne tirée au sort sur le même mode de la Convention citoyenne pour le climat. Toutes ces hypothèses sont travaillées assidument dans le cadre de l’inter coalition, et il y existe une détermination forte à ne pas laisser 2022 n’être qu’une manière pour les différentes forces politiques de se recomposer ou de se réaffirmer. L’urgence est trop grande pour cela.

Demain, quand une demi-douzaine de candidatures seront installées dans le camp des forces de gauche et écologistes, il sera trop tard. Et même si tel ou telle finissait par renoncer, il n’en résulterait aucune dynamique positive et unitaire après des mois de division. C’est maintenant qu’il faut créer une force collective nouvelle à la mesure de l’enjeu en nous appuyant sur tous les acteurs (politiques, culturels, syndicaux, jeunes de la génération climat, universitaires…) qui ne peuvent se résoudre à une défaite en 2022.

Notre responsabilité, en tant qu’écologistes, est immense. Ne pas entendre cet appel fort à ne pas nous enfermer dans nos débats et stratégies internes serait une grave erreur.

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