Le 2 janvier, de manière incompréhensible, un non-lieu a été prononcé après 16 ans d’instruction dans le dossier de l’empoisonnement du vivant au chlordécone aux Antilles. Ce pesticide extrêmement toxique a été utilisé massivement, de 1972 à 1993 (a minima) dans les bananeraies de Guadeloupe et de Martinique.

En 2018, Monsieur le Président de la République Emmanuel Macron, avait reconnu la responsabilité de l’État et également affirmé le devoir de réparation de celui-ci. Mais six mois plus tard, s’exprimant de nouveau sur le sujet, il avait nié le caractère cancérigène du produit !

Diverses études ont pourtant démontré que le chlordécone est cancérogène, perturbateur endocrinien, neurotoxique et spermato-toxique. La Martinique détient le triste record mondial de cancers de la prostate. Polluant très persistant, il va rester présent dans les sols et les eaux durant des siècles, détruire la biodiversité et impacter l’agriculture et la pêche, affaiblissant ainsi l’économie locale.

Molécule interdite aux États-Unis dès 1975, et en 1990 en France hexagonale, elle a pourtant été autorisée aux Antilles jusqu’en 1993.

Dans leur décision, les juges d’instruction ont reconnu un « scandale sanitaire », sous la forme d’ »une atteinte environnementale dont les conséquences humaines, économiques et sociales affectent et affecteront pour de longues années la vie quotidienne des habitants » de Martinique et de Guadeloupe. Mais elles prononcent malgré cela un non-lieu pour diverses raisons juridiques, qui démontrent, in fine, que le droit environnemental doit encore évoluer et que l’écocide doit être pleinement reconnu.

Ainsi, la plainte déposée en 2006 par l’Union des Paysans Guadeloupéens (UPG) et par d’autres associations aura abouti, après 16 ans de procédure, à un non-lieu.

L’État peut-il impunément dans les régions ultramarines laisser empoisonner 90% d’une population, déstructurer l’agriculture, annihiler l’aquaculture, et ruiner les pêcheurs ?

Le maintien de la production bananière a primé sur la sauvegarde de la santé publique et du vivant et a provoqué un désastre sanitaire, environnemental et économique sans précédent. 

L’État doit reconnaitre toutes les victimes et les indemniser à hauteur de leur préjudice. Nous soutenons la décision de faire appel des parties civiles. L’écocide perpétré aux Antilles ne peut rester impuni.

Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-paroles EELV

La Commission Outre-mer d’EELV