Un entretien fleuve pour peu de propositions concrètes. Une énième fois, Emmanuel Macron pense que les françaises et les français sont critiques par nature, et que son projet et sa méthode ont été mal compris. Contraint de reconnaître que la confiance avec nos concitoyen.nes est rompue, il l’attribue une fois de plus à des « maladresses » et à une mauvaise compréhension des français.es, qui savent pourtant bien analyser les déterminants d’un projet injuste, brutal et productiviste, qui vise à donner toujours plus à ceux qui ont déjà trop.

Le Président dit être fidèle à ses engagements de campagne. Mais comment encore défendre cette promesse alors qu’il a déçu toutes celles et ceux qui attendaient de lui la défense des valeurs de justice sociale et de solidarité, et la préservation de notre système de protection sociale qui fait l’honneur de la France. Au lieu du “en même temps”, les français.es n’ont eu à voir que la suppression de l’ISF, la réduction des APL, la réforme des retraites, etc.

Nomination de Gérald Darmanin

Alors que de nombreux rassemblements ont eu lieu ces derniers jours pour dénoncer la nomination de Gérald Darmanin au ministère de l’intérieur, le Président continue à défendre ce choix au nom de la présomption d’innocence tout en assurant “respecter et partager la cause féministe”. Mais si Gérald Darmanin avait été visé par d’autres accusations que celles de viol, le Président aurait-il osé le nommer au gouvernement ? Il participe de ce fait, à une banalisation insupportable de ce crime, et oublie qu’il avait prétendu faire de la lutte contre les violences faites aux femmes, la grande cause du quinquennat. 

S’agissant de la réforme des retraites, le Président continue à considérer que celle-ci est juste et nécessaire, et lui adjoint désormais un objectif de rééquilibrage financier, laissant entendre que des mesures d’âge – âge-pivot ou allongement de la durée de cotisations – pourraient être adoptées, conduisant inévitablement à l’allongement de la durée de vie au travail. Le Président poursuit ainsi son entreprise d’affaiblissement du système de protection sociale, encourageant la volatilité des pensions, et pénalisant les plus précaires, alors même que le pays a clairement manifesté son refus de la réforme. 

Ecologie

Le Président aura bien peu parlé d’écologie pendant cet entretien, si ce n’est pour la caricaturer en « écologie du moins », faire appel au “bon sens” ou encore annoncer des mesures déjà mises en place ou annoncées auparavant, que ce soit sur la rénovation thermique ou les primes à la conversion automobile ! 

En effet, le Président prétend avoir mis en place une prime pour la rénovation thermique. Mais le financement de la rénovation thermique existe depuis le Grenelle de 2008. Le gouvernement Philippe a au contraire raboté le Crédit d’Impôt Transition Energétique et l’a transformé pour partie en subvention « MaPrimeRenov’ », un programme qui se révèle être un échec patent : 200 000 primes visées en 2020, 48 000 dossiers déposés à ce stade.

Il annonce une fois de plus la rénovation thermique des écoles et des EHPAD, mais ce plan de rénovation thermique des écoles et des bâtiments des collectivités locales a été déjà annoncé en … avril 2018. Sera-t-il enfin mis en place ?

Quant au développement du fret ferroviaire, des trains de nuit et des petites lignes, nous ne pouvons que nous en féliciter tant le retard accumulé par la France, ces dernières années, est considérable, y compris depuis le début de la mandature. Mais nous attendons les actes et les moyens qui les accompagnent, au-delà du discours.

Enfin, nous espérons que le gouvernement saura mener à bien la réforme constitutionnelle visant à inscrire l’objectif de lutte contre le réchauffement climatique et le respect de la biodiversité dans la Constitution. De la même manière, nous souhaitons la mise en place rapide des 149 propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat, condition nécessaire, mais non suffisante, à une politique ambitieuse de transition écologique.

Alain Coulombel et Éva Sas, porte-paroles