Bien que la Pologne ait déjà l’une des législations les plus restrictives d’Europe, entraînant de 100 000 à 120 000 avortements illégaux et risqués par an, la cour constitutionnelle polonaise, simple bras armé judiciaire du gouvernement, a supprimé la possibilité pour les femmes enceintes d’avorter dans le cas d’une « malformation grave et irréversible » du fœtus ou d’une « maladie incurable ou potentiellement mortelle ». Cette décision revient à interdire le droit à l’avortement des femmes polonaises, qui, en 2019, avaient avorté à 98% pour des raisons de malformations du fœtus. 

Plus d’un demi-million de personnes sont descendues dans les rues en protestation, faisant fortement chuter la popularité du Gouvernement qui cherche désormais à sortir de cette crise. Si le Gouvernement a renoncé à publier le jugement de la Cour constitutionnelle  mercredi 4 novembre, le combat continue. Les associations féministes polonaises doutent de la sincérité de ce report et craignent qu’il s’agisse d’une stratégie pour modifier la loi une fois l’état d’urgence sanitaire en vigueur.

EELV se tient à leurs côtés pour dénoncer un recul majeur des droits des Polonaises, qui souffrent de la politique de l’aile la plus à droite de la coalition nationaliste-conservatrice au pouvoir et de son éloignement graduel de l’État de droit prôné par l’Union européenne. Rappelons que, d’après une étude IPSOS de 2019, 53 % de la population polonaise est favorable à une légalisation de l’avortement jusqu’à la douzième semaine de grossesse. 

Europe Écologie Les Verts :

–    Dénonce cette régression pour les droits sexuels et reproductifs des femmes polonaises, et pour leur santé physique et mentale ;

–    Appelle l’Union européenne, et ses États-membres, à condamner cette violation des droits humains, qualifiée de torture par la Cour européenne des droits de l’Homme ;

–    Appelle à protéger le droit à l’avortement en l’inscrivant dans le Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne afin de garantir l’accès à la contraception et à l’avortement pour toutes les femmes vivant sur le sol européen, sans distinction ;

–    Appelle à un élan de solidarité, notamment de la part des gouvernements européens, mais aussi de chaque personne qui peut soutenir financièrement les organisations telles que Women on web, women help women, the safe abortion network ainsi que les initiatives abortion without borders et  Kobiety W Sieci  en Pologne ;

–    Demande, dans un contexte de négociations des fonds structurels européens, que les financements de l’Union européenne soient conditionnés au respect des droits humains et de l’État de droit ;

–    Soutient avec force la remarquable mobilisation citoyenne en Pologne.

Alain Coulombel et Eva Sas, porte-paroles
Les Commissions Europe et Féminisme d’EELV