Ce jeudi 6 octobre, la Première ministre a proposé son “plan de sobriété”. Pas moins de 9 ministres pour le présenter mais à lire ce plan au rabais, le gouvernement ne semble pas avoir encore pris la mesure de la crise que nous vivons, et de celle à laquelle nous aurons à faire face cet hiver. Les écologistes en appellent au sursaut.

En septembre 2021 déjà, 12 millions de Français·es ne pouvaient pas se chauffer comme elles et ils le souhaitaient. Un an après, à l’approche de l’hiver, l’Europe traverse une crise qui met en lumière les lacunes systémiques de nos sociétés en matière d’approvisionnement énergétique. Cette crise remet en question notre modèle complet de consommation. Si la Convention citoyenne pour le climat avait été écoutée sans filtre, nous n’en serions pas là. 

La sobriété, ce n’est pas une série de mesures symboliques d’économies d’énergie ponctuelles, pour mieux recommencer à brûler des fossiles dès que le printemps revient. Ce plan envoie la France toujours plus dans le mur, car cette crise ne durera pas trois mois. Il y a urgence à rendre notre pays indépendant et résilient. Que dire également de la mise en place, selon le bon vouloir des énergéticiens, d’un bonus sobriété pour valoriser “les efforts” des ménages qui maîtriserait leur consommation ? Faut-il rappeler que des millions de personnes vivent dans des passoires énergétiques ? Ce n’est pas avec des gadgets que nous irons vers une sobriété choisie. 

La sobriété, c’est avoir le courage de stopper des dépenses énergivores inutiles, sans attendre et sans multiplier les dérogations. A ce titre, les écologistes s’étonnent que le projet de décret de limitation des vidéos lumineuses dans l’espace public compte tant de dérogations qu’une majorité des écrans resteront allumés cet hiver. Nous demandons une interdiction pure et simple de la publicité lumineuse dans l’espace public, comme le proposait déjà la Convention citoyenne pour le climat. La société juste, c’est aussi mieux soutenir les ménages, les collectivités, les services publics, qui font face à l’augmentation des prix de l’énergie.

Faire croire à la relance du nucléaire comme solution de sobriété énergétique sur le court terme est une gabegie et un mensonge. De nouvelles centrales ne seraient pas prêtes avant des années, et l’investissement qu’elles vont nécessiter, nous en avons cruellement besoin pour développer les renouvelables. Nous payons chaque jour le retard pris à lancer les investissements nécessaires et urgents : transformation de notre mix énergétique et plan massif de rénovation thermique.

Il faut beaucoup d’ambition et de volonté politique en période de crise. Le Gouvernement semble s’entêter avec des mesures incitatives qui ne règleront rien ni à court terme, ni à long terme. Au contraire, nous avons présenté hier les mesures qui devraient être prioritaires pour un plan de sobriété juste. Nous continuerons de les défendre de l’échelon local à l’échelon européen, en passant par le parlement.

Chloé Sagaspe, porte-parole
Jérémie Crépel, Secrétaire national adjoint,
Charlotte Soulary, membre du bureau exécutif
La commission énergie