A l’issue de plusieurs semaines de négociations, les accords du Ségur de la Santé ont été signés ce lundi 13 juillet.

Annoncés en grande pompe à la fin du mois de mai, ils viennent aujourd’hui répondre à certaines des revendications portées par le personnel soignant. Les revalorisations de salaires accordées ne répondent pourtant qu’en partie à la sous-valorisation des métiers de l’hôpital et n’apportent pas de solutions aux sous-effectifs chroniques.

Si cet accord apporte une reconnaissance du personnel paramédical, il ne remet pas en cause l’organisation actuelle de l’hôpital public et plus largement le système de santé public. Les urgences aujourd’hui encore en tension et en première ligne durant l’épisode du covid-19 ne bénéficient d’aucune mesure particulière. Le  gouvernement a préféré ne pas apporter de réponses concrètes  aux contestations qui avaient commencé bien avant l’épidémie. Les grèves ont repris, les moyens n’ont pas augmenté, les conditions de travail ne se sont pas améliorées et les urgentistes, comme à Toulouse[1], continuent de démissionner.

Ces accords ne répondent donc pas à la nécessaire sanctuarisation du service public de la santé et à la réforme incontournable de la tarification à l’activité (T2A). Ils ne parviennent pas à satisfaire les besoins des personnels soignants qui auraient espéré une augmentation salariale plus importante : avec une enveloppe de 7,5 milliards d’euros pour la revalorisation des salaires des personnels médicaux et paramédicaux, on est en effet loin du rattrapage de la perte de pouvoir d’achat liée au gel des points d’indice depuis 2000, qui aurait représenté plus de 14 milliards d’euros. Ces accords ne changent rien, non plus, aux conditions de travail difficiles. Ils ne donnent aucune réponse claire sur les créations de postes réclamées ni sur la nécessaire coordination entre hôpital et soins de proximité.

La réduction constante du nombre de lits n’est pas non plus remise en cause alors que l’ambulatoire ne peut répondre à tous les besoins de santé des populations de nos territoires.

Ce premier pas était un préalable indispensable pour revaloriser les métiers de soignants. Mais il faudra dans un second temps – le plus proche possible, se donner les moyens d’un système de santé résilient qui respecte les soignants dans leurs missions et leurs conditions de travail ; qui leur permette aussi de prendre toute leur part dans la prévention.

Alain Coulombel et Éva Sas, porte-paroles


[1] « Démission collective de 25 urgentistes du CHU de Toulouse, faute de moyens ». s. d. LCI.