La crise sanitaire met en lumière les problèmes majeurs que représentent la destruction de la biodiversité et le développement des maladies chroniques liées notamment à la pollution de notre environnement quotidien, maladies qui constituent les premiers facteurs de comorbidité attribués à la Covid-19. Cette crise est un choc de grande ampleur qui doit enfin nous amener à reconsidérer notre modèle de santé, mais aussi le rôle donné aux Collectivités territoriales et appelle à un changement de paradigme de toute notre société. 

Plus de 70 % des infections émergentes apparues au cours des 40 dernières années sont des zoonoses, autrement dit des maladies infectieuses animales transmises à l’être humain. La biodiversité, massivement détruite par l’activité humaine, peine à jouer son rôle protecteur face à ces virus. Le dégel du pergélisol lié au dérèglement climatique pourrait également libérer des virus que l’on croyait éradiqués. Dans ces conditions, la fréquence des émergences de nouveaux agents infectieux pourrait augmenter dans les décennies à venir. 

Au-delà de ses effets délétères sur la santé (maladies cardiovasculaires et respiratoires, cancers du poumon notamment), la pollution de l’air extérieur, responsable chaque année de plus de 67 000 décès en France –  au travers des aérosols de particules fines, issus des gaz d’échappement, de chauffages polluants, de l’industrie et des épandages agricoles – aggrave les conséquences de certains virus, par la sensibilisation des voies respiratoires. 

La crise sanitaire se révèle donc comme une composante de la crise écologique et démontre – s’il le fallait encore – à quel point la santé humaine est profondément liée à celle de la biosphère.

Par ailleurs, de nombreuses études convergent pour montrer que les victimes du coronavirus sont, en sus du facteur âge, en majorité des patients atteints de maladies chroniques comme l’obésité, le diabète, l’hypertension, de maladies cardiovasculaires et du système respiratoire ou de cancers. Or, au cours de ces 14 dernières années, le nombre de malades chroniques a doublé en France et l’obésité touche actuellement près de 20 % de la population. 

Enfin, la santé mentale a été notablement affectée par la crise, en lien notamment avec la recrudescence des violences faites aux femmes et aux enfants dans l’intimité forcée du confinement, à la difficulté de vivre avec une maladie chronique, au stress, à l’anxiété générée par la pandémie,  au retour du bruit en ville, et à la sédentarité imposée.

C’est pourquoi : nous devons repenser notre système de santé et nous intéresser aux maladies avant qu’elles ne surviennent, en nous concentrant sur leurs causes, en particulier environnementales. La prévention doit être au cœur des politiques de santé publique et des politiques locales, ce qui n’est que trop peu le cas aujourd’hui. Les professions de santé doivent être intégrées à la prévention et à la détection précoce des maladies.

Comme l’a démontré l’efficacité de l’échelon local dans cette crise, les Collectivités territoriales, notamment les villes, sont en position très favorable pour agir. Leurs leviers d’actions sont considérables. Elles doivent donc jouer un rôle majeur pour lutter contre les causes environnementales et comportementales de ces maladies qui réduisent notre espérance de vie en bonne santé, et nous mettent en grand danger face aux nouveaux virus émergents. En favorisant une alimentation saine, en développant l’activité physique, en privilégiant les mobilités actives, en luttant contre les pollutions, en retirant des cantines scolaires les ustensiles en plastique ou encore en rénovant les logements insalubres. Il y a aussi urgence à repenser l’urbanisation, cesser d’artificialiser les sols, renaturer et ouvrir nos espaces urbains. Nous devons penser les conditions de la soutenabilité de la vie dans les territoires et notamment dans nos villes, devenues pour les plus grandes d’entre elles inhospitalières.

Enfin, nous devons nous doter d’un arsenal juridique à la hauteur de l’enjeu et soutenir par tous les moyens la reconnaissance du crime d’écocide et la création d’une Haute Autorité des Limites Planétaires, comme le propose par voie référendaire la Convention Citoyenne pour le climat, afin d’arrêter l’irresponsable destruction de la biodiversité incompatible avec la santé humaine.

Alors que le second tour des élections municipales approche, le vote pour les candidat.e.s Europe Écologie Les Verts est le meilleur moyen pour que soient mises en place au niveau local les politiques de résilience dont notre société a besoin pour faire face aux enjeux sanitaires du « monde d’après » et mieux vivre dans nos villes et dans nos territoires.

Alain Coulombel et Éva Sas, porte-paroles
Commission Santé et Commission Biodi
versité d’EÉLV