Au-delà de la prestation sportive, ce qui a frappé les esprits au championnat du monde d’athlétisme à Doha (Qatar), ce sont les tribunes vides, la corruption, le spectre du dopage et l’absurdité climatique de compétitions se tenant dans des stades entièrement climatisés ou, au contraire, des compétitions perturbées par une chaleur insoutenable.

Après les JO d’hiver de Sotchi, en 2014, la Coupe du monde de rugby au Japon aujourd’hui, et bientôt les JO de 2020 à Tokyo, marqués par une indifférence totale aux questions environnementales, le spectacle offert par les championnats organisés au Qatar montre encore une fois que les intérêts géostratégiques et financiers priment sur les sportifs et les sportives, qui sont sacrifié-es sur l’autel des jeux du cirque. Une position aux antipodes des valeurs du sport.

Pourtant, dès l’annonce de la sélection de Doha en 2014, des critiques avaient questionné ce choix, critiques balayées par la fédération internationale (IAAF) au nom de l’ouverture de l’athlétisme à de nouveaux territoires. Lamine Diack, l’ancien président, a été mis en examen par la justice française pour corruption, avec le directeur général de BeIN Sports Yousef Al-Obaidly.

Le désastre était annoncé. Il a eu lieu. Les marathoniennes ont ouvert un triste bal, le 27 septembre, mettant en danger leur santé. Sur les 70 participantes, 28 ont dû abandonner. Chez les hommes, sur 123 partants, 48 abandons. Le lendemain, sur le 50 kilomètres marche, Yohann Diniz et 13 de ses adversaires ont également rendu les armes. Toutes et tous sont pourtant des sportives et sportifs de haut niveau. Malgré cela, le Président de l’IAAF Sébastian Coe préfère ne voir que les records et les exploits sportifs et considère cyniquement que « ces championnats ont été les meilleurs jamais vus ».

Le Qatar, suspecté régulièrement de financer l’islamisme radical, avec un code pénal qui prévoit la lapidation des femmes, est surtout connu en France comme investisseur du sport spectacle. L’argent-roi, maître-mot de ce petit État du golfe persique, lui a permis de créer une équipe nationale de handball composée à 90 % de joueurs européens et d’organiser la coupe du monde de football en 2022, malgré de larges suspicions de corruption sur fond de Qatargate. Cette coupe du monde, si elle a lieu, sera entachée par le sang des travailleurs étrangers qui ont construit huit stades au prix de leur vie : un mort par jour sur les chantiers. C’est inacceptable.

Dans le contexte actuel d’urgence climatique, Europe Écologie – Les Verts (EELV) et sa Commission Sport Loisirs Tourisme demande le Boycott par la France de la Coupe du Monde de football au Qatar en 2022 et demande que la France soit tête de pont d’un boycott collectif des pays de l’Union européenne et, plus globalement, des pays démocratiques.

Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole

Anne-Marie Heugas, co-secrétaire de la commission Sport Loisirs EELV