OGM? DÉFINITION

Les organismes génétiquement modifiés (OGM) sont des organismes vivants dont le patrimoine génétique a été manipulé par l’homme dans le but de leur conférer certaines propriétés. Les techniques récentes permettent de prélever un ou plusieurs gènes sur un virus, une bactérie, un animal ou une plante et de les insérer dans le patrimoine génétique d’un autre organisme. Cette opération – la « transgénèse » – dépasse de loin les techniques traditionnelles d’amélioration des variétés agricoles car elle permet de franchir la barrière des espèces et des genres, et de produire de « nouveaux » organismes jusqu’alors inconnus de la nature.

On obtient ainsi des plantes tolérantes à des herbicides (71% des OGM commercialisés en 2005), produisant elles-mêmes un insecticide contre certains parasites (18%), ou cumulant les deux caractéristiques (11%). Le soja représente 60 % des cultures d’OGM, le maïs 24 %, le coton 11% et le colza 5 %. Plus de 80% des OGM cultivés sont destinés à nourrir nos vaches, cochons, volailles et poissons d’élevage. Ils entrent ainsi à notre insu dans la chaîne alimentaire, et donc dans nos assiettes.

Les animaux OGM et les techniques de clonage nécessaires à leur multiplication sont prêts. Le Parlement européen a cependant rejeté en 2010 une proposition de la Commission autorisant ce type d’élevage en Europe.

Les animaux OGM et les techniques de clonage nécessaires à leur multiplication sont prêts. Le Parlement européen a cependant rejeté en 2010 une proposition de la Commission autorisant ce type d’élevage en Europe.

OGM : nous n’en voulons pas

Il ne se passe guère un mois sans qu’une nouvelle information, une nouvelle étude, ne vienne enrichir l’argumentaire en leur défaveur. Mais nous sommes encore loin de les avoir éloignés définitivement de nos champs et de nos assiettes.

Les chiffres parlent d’eux même : Monsanto, c’est 8,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires, dont 4,8 pour les semences, 3,7 pour les herbicides, et un milliard de dollars de profits en 2007. Le marché mondial est excitant pour de telles entreprises. La perspective de rendre dépendants de plus en plus de paysans à leurs produits au moyen des semences génétiquement manipulées et brevetées est bien réelle. Les fabricants d’OGM ne vont donc pas baisser les bras comme ça !

De nouvelles promesses sont aujourd’hui mises en avant : les OGM seraient un moyen sûr pour faire face au changement climatique, grâce à de nouvelles productions qui s’y adapteraient ! Comme hier, elles ne reposent sur aucune base scientifique, mais Monsanto a déjà breveté un millier de constructions transgéniques dans ce secteur « nouveau ».

Certes, les autorisations de mise en culture des OGM en Europe sont données après avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (AESA). Mais nous avons montré en 2010 que plusieurs membres de cette Autorité, au premier rang desquels sa présidente Diana Banati, sont liés de près ou de loin aux fabricants et marchands de semences transgéniques.

Les éléments à charge contre les OGM se cumulant, il est logique que les Européens soient année après année très majoritairement contre leur culture en plein champ et leur consommation. Aux élus de prendre en considération l’exigence démocratique. Nous ne voulons pas d’OGM, nous savons pourquoi, et ça tombe bien : nous n’en avons pas besoin.

Brevets et dépendance

Les OGM sont protégés par des brevets déposés par leurs concepteurs et portant sur le gène introduit dans la plante en tant qu’innovation. Ces brevets sur les semences transgéniques interdisent à l’agriculteur la possibilité de ressemer sa récolte, sous peine de fortes amendes. Il doit acheter chaque année ses semences, avec une rémunération du brevet… et les produits de traitement qui vont avec, puisque les OGM les plus cultivés dans le monde sont des plantes résistantes à des herbicides produits par la même firme.

Evidemment, tout cela coûte plus cher au cultivateur : une étude coordonnée par la FAO en 2004 montrait un surcoût des semences de soja OGM de 30 % en Argentine et de 43 % aux Etats-Unis par rapport aux semences traditionnelles.

En France, la neutralisation de champs d’OGM par les Faucheurs volontaires, association de citoyens de toutes origines sociales, a permis la démonstration de l’inutilité et des dangers des cultures transgéniques. Grâce en grande partie à ces actions, un moratoire de ces cultures a été imposé de fait dans le pays en 2008.
Dissémination : quand c’est parti, c’est parti !

Aux Etats-Unis, Meredith Schafer (Université d’Arkansas) a montré dans une étude publiée en 2010 que 86% des plants de colza poussant à l’état sauvage le long des routes du Nord-Dakota étaient transgéniques. Dans cet Etat, près de 90% des champs de colza sont semés d’OGM tolérant les herbicides RoundUp (Monsanto) ou Liberty (Bayer). Le phénomène a aussi été observé au Japon où du colza transgénique pousse autour des ports d’importation, alors que cette culture est interdite. Le colza se croise facilement avec plus de 40 espèces différentes de « mauvaises herbes ».

Santé : de plus en plus de pesticides dans la nature

Charles Benbrook, ancien directeur du bureau à l’agriculture de l’Académie des sciences des Etats-Unis, a montré que, de 1996 à 2009, l’utilisation des OGM tolérant des herbicides a provoqué dans le pays… une augmentation de l’utilisation d’herbicides de 173.500 tonnes. Cette augmentation explique aussi l’apparition de mauvaises herbes résistantes. Depuis 2008, les témoignages d’agriculteurs faisant face ce problème se multiplient. Tony Roush, vice-président de l’association nationale des cultivateurs de maïs, a révélé comment l’apparition d’herbes résistantes au glyphosate en 2005 l’a amené à utiliser de plus en plus de RoundUp, puis à utiliser en 2007 un autre herbicide contenant un principe actif différent, pour finir en 2008 avec un cocktail d’herbicides. Le problème n’est toujours pas résolu.

… et dans le sang humain

Des chercheurs de l’Université de Sherbrook (Québec) ont montré la présence de pesticides et de leurs résidus dans le sang de femmes et de foetus. Pour cette étude dont a rendu compte une revue scientifique au printemps 2011, les chercheurs ont effectué des prélèvements sanguins chez des femmes, enceintes ou non, n’ayant jamais travaillé au contact de pesticides. La présence de ces substances dans leur sang serait donc principalement issue de leur alimentation, du fait de la forte présence d’aliments GM dans le pays (soja, maïs, pommes de terre…).

Muter pour faire passer

Les plantes mutées, développées discrètement depuis les années 60, connaissent un regain d’intérêt chez les semenciers. De nouvelles techniques (dont la mutagénèse dirigée), moins coûteuses, permettent d’obtenir notamment des plantes tolérantes à des herbicides, comme avec les OGM. Et, comme pour les OGM, de les breveter et d’en tirer de gros profits. Mais leur grand intérêt, c’est que les autorisations pour leur culture et de leur consommations sont plus faciles à obtenir que pour les OGM. Cependant, la situation n’est pas si claire que les fabricants veulent le faire croire : au sens de la directive européenne 2001-18 CE, la mutagénèse dirigée génère des OGM. Le tournesol muté est déjà arrivé dans les champs français.

 

> Retrouvez la suite du dossier OGM et le PDF téléchargeable sur le site internet de José Bové.