Les insecticides de la classe des néonicotinoïdes sont interdits depuis 2018. Votée en 2016, la loi était portée à l’époque par Barbara Pompili, alors secrétaire d’Etat chargée de la biodiversité, qui avait exposé les impacts inacceptables de ces pesticides mortifères pour les abeilles, dont pourtant 70 % des plantes alimentaires dans le monde dépendent pour leur reproduction. 

Hier, mardi 1er septembre 2020, un projet de loi prévoyant de prolonger la possibilité d’accorder des dérogations d’utilisation de ces insecticides jusqu’au 1er juillet 2023 pour tous types de cultures a été présenté au Conseil National de la Transition Écologique. Malgré la levée de boucliers des organisations citoyennes, qui ont décidé de boycotter ce Conseil, le gouvernement cède sans surprise à la pression de la filière betteravière sucrière, et élargit même la possibilité d’une dérogation à l’ensemble des filières agro-industrielles. Il préfère une nouvelle fois écouter les lobbies au détriment de la santé humaine et de la biodiversité : un pas en avant, trois pas en arrière.

Et pourtant. Malgré la communication orchestrée sur le manque d’efficacité des alternatives, celles-ci existent déjà : de nombreux producteurs biologiques et diversifiés n’ont pas connu les attaques massives de pucerons qui ont conduit à cette situation dans les parcelles cultivées industriellement.

Autoriser aujourd’hui et pour plusieurs années des dérogations permettant de poursuivre l’utilisation de produits phytosanitaires dangereux est un frein à l’adoption de pratiques réellement durables, mutation nécessaire pour adapter notre agriculture aux enjeux actuels. Accompagner les agriculteurs dans ces mutations est bien sûr nécessaire et les écologistes regrettent que depuis 2016, rien n’ait été fait pour préparer cette transition.

La reculade du gouvernement conforte globalement l’agro-industrie dans cette stratégie de résistance au changement et cautionne une nouvelle fois un modèle agro-industriel à bout de souffle. Cette dérogation sur les pesticides tueurs d’abeilles constitue non seulement une grave menace pour la biodiversité, mais ouvre également la porte à tout autre type de dérogation. 

EELV demande le maintien de l’interdiction des néonicotinoïdes, et un plan de soutien financier et d’accompagnement des agriculteurs de la filière betteravière pour assurer une transition vers une agriculture respectueuse de l’environnement.

Eva Sas et Alain Coulombel, porte-paroles
La commission Biodiversité d’EELV
La commission Agriculture d’EELV