Adoptée par le Conseil fédéral d’Europe Écologie Les Verts du 9 janvier 2022

Exposé des motifs

L’écologie est un sport de combat.

Celui de certains philosophes de la Grèce Antique, comme Aristote ou Théophraste, qui ont été les premiers à s’intéresser à de nombreuses espèces animales et aux relations entre les animaux et leur environnement.

Celui des organisateurs des premiers grands voyages d’exploration dont les grandes découvertes ont bouleversé nos représentations du monde héritées du Moyen-âge, et engendré les premières idées écologiques.

Celui des premiers membres de la communauté scientifique qui ont alerté, dès le milieu du 17ème siècle, des conséquences de l’exploitation incontrôlées des ressources des territoires colonisés et ont interpellé les autorités à ce sujet.

Celui des fondateurs de l’écologie politique, dans les années 1970, à l’époque du Larzac et de la construction des premières centrales nucléaires, à l’époque des premières « marées noires » et du premier Sommet de la Terre de Stockholm, à l’époque de la publication du rapport Meadows alertant sur les limites de la croissance, et du premier Ministère de l’environnement.

Celui du premier candidat français à l’élection présidentielle, René Dumont, en 1974, et de celles et ceux qui lui succéderont, toujours avec la même détermination.

Celui des créateurs du parti vert français dans les années 80, et de toutes celles et ceux qui ont contribué à sa survie, à sa structuration, à son développement et à son rayonnement, en lien avec le parti vert européen et les Global greens.

Celui de toutes celles et ceux qui furent, un jour, candidat.e écologistes à une élection.

Celui des premiers élus écologistes et de celles et ceux qui leur succéderont, élu·e·s majoritaires, élu·e·s minoritaires dans la majorité, élu·e·s d’opposition, participant individuellement et collectivement à développer les politiques publiques dans le sens de la transition écologique, de la justice sociale et de l’innovation démocratique.

Celui des associatifs et syndicalistes, et de toutes les luttes qu’ils et elles ont menées en commun contre de grands projets inutiles, pour dénoncer et résorber les inégalités, pour réduire le temps de travail. Celui des luttes féministes, des luttes antiracistes, des luttes antispécistes, des luttes pacifistes, des marches climat, du désarmement nucléaire, de la santé environnementale, des objecteurs de conscience et des objecteurs de croissance, des protecteurs des terres agricoles contre l’urbanisation, des défenseurs des mobilités douces, des militants des droits humains et des droits sociaux.

On n’arrête pas une idée dont le temps est venu.

Ces décennies de combat ont permis d’installer l’écologie dans le paysage politique. D’en faire une force incontournable.

C’est à tous les engagements précités, et aussi malheureusement à cause de l’aggravation des conséquences des crises écologiques et des injustices sociales, que les problèmes que nous pointons et les solutions que nous proposons sont aujourd’hui identifié·e·s par la plupart des Français·e·es. et que nos programmes sont plébiscités par une partie croissante d’entre eux·elles.

Militer pour l’écologie n’est pas toujours simple, mais nous gardons en tête que les premier·e·s militant·e·s écologistes ont pu avoir l’impression de prêcher dans le désert, qu’il·elle·s ont été ignoré·e·s ou moqué·e·s, et que notre combat a parcouru bien du chemin depuis, à mesure qu’il a gagné la confiance des électeurs.trices et conquis les institutions.

Aujourd’hui, l’écologie gouverne une partie des plus grosses villes françaises, est entrée dans les conseils régionaux et départementaux, porte notre projet au Parlement européen et au Sénat, et s’apprête à former à nouveau un groupe parlementaire, que nous souhaitons le plus nombreux possible, à l’Assemblée nationale, mais aussi à conquérir les plus hautes fonctions de l’État français.

Si l’écologie politique a su conquérir des territoires à la surprise de beaucoup de nos détracteurs, et met en place aujourd’hui, concrètement, des politiques justes et durables dans plusieurs grandes villes et métropoles françaises, beaucoup d’écologistes continuent à militer dans l’adversité.

« Il faut sourire face à l’adversité, jusqu’à ce qu’elle capitule »

L’adversité, ce sont les épreuves que nous avons parfois à subir ou à surmonter. Mais cette notion est belle en ce qu’elle est aussi caractérisée par l’idée de lutte, par la manière dont on la soutient et par les bénéfices moraux qu’on en retire, pour nous et pour les idées que nous défendons.

Militer dans l’adversité, c’est militer dans des territoires où l’écologie pénètre plus lentement qu’ailleurs. Dans des territoires gangrénés par l’extrême droite ou tenus par la droite extrême. Dans des territoires ultrapériphériques, ruraux, qui se sentent souvent légitimement abandonnés de la République et surtout incompris.

Militer dans l’adversité, c’est savoir écouter, décrypter, comprendre et accompagner une écologie qui émerge de ces territoires, parfois différente dans les mots et les concepts de celle que nous maîtrisons, mais ancrée dans des solutions éprouvées par celles et ceux qui y vivent.

Militer dans l’adversité, c’est militer dans des villes ou villages où les adhérents sont parfois peu nombreux mais les combats à mener pas moins importants. Dans des régions EELV disposant de peu de moyens.

Militer dans l’adversité, c’est aussi mener des luttes tenaces contre de grands projets inutiles et faire face à de puissants lobbys, traverser des séquences politiques difficiles, où l’écologie fait, localement ou nationalement, l’objet d’attaques particulièrement violentes. C’est faire partie d’une minorité et être à ce titre ciblé sur les réseaux sociaux.

Militer dans l’adversité peut être votre quotidien ou un passage, que vous soyez élu·e ou pas, et si vous êtes élu·e, que vous le soyez dans l’opposition, minoritaire dans la majorité, ou même dans une ville écolo!

A toutes ces situations, il existe des solutions.

Si certains d’entre nous tiennent depuis si longtemps dans des situations parfois peu enviables, c’est que la résilience fait partie de notre projet … mais aussi de notre état d’esprit militant!

Que notre histoire nous fournit pléthore de figures inspirantes.

Que l’entraide est forte chez les écologistes, et que des outils existent pour favoriser l’entraide entre militant·e·s ou élu·e·s.

Que nous sommes une famille soudée et solidaire qui a toujours soutenu celles et ceux d’entre nous qui vivaient des attaques, qu’elles soient numériques, politiques, ou même parfois physiques.

Aujourd’hui, cette motion propose d’aller plus loin, en mettant sur pieds un groupe de travail qui aurait vocation à accompagner au quotidien les militant·e·s qui en ressentent le besoin. A favoriser l’écoute et l’entraide. A faciliter les partages d’expérience. A concevoir des outils de formation et de mobilisation qui aident les militant·e·s dans l’adversité. A faire remonter aussi, des territoires, des réflexions sur la réception de nos divers outils de mobilisation et de communication pour améliorer leur réception et leur efficacité partout en France.

Notre parti regorge d’exemples de persévérance et de détermination qui permettent d’ancrer l’écologie sur les territoires.

Comment oublier, exemple parmi tant d’autres, que Pierre Hurmic, avant de devenir Maire de Bordeaux, a passé 25 ans dans l’opposition ?

Résistance et résilience sont deux puissants moteurs de nos combats écologistes. Ce groupe visera à aider les militant·e·s de l’adversité à devenir des artisan·e·s des prochaines victoires écologistes.

C’est un travail indispensable si nous voulons devenir un parti de masse, outiller celles et ceux qui se battent pour nos idées au quotidien, les accompagner et progresser partout électoralement, même là où c’est dur, pour rendre possibles nos prochains succès indispensables à la résolution des crises écologiques et sociales.

Là est la nouvelle frontière de l’écologie ! Nous portons une écologie pour tous, inclusive, positive, mais notre défi, pour les mois et les années qui viennent, est de réussir à davantage toucher celles et ceux qui vivent dans les territoires où la vie est plus difficile qu’ailleurs, de travailler sur une mise en musique de nos idées qui soit plus accessible, de convaincre, y compris les plus précaires, que l’écologie est porteuse de solutions qui amélioreront leur quotidien.

Là est la condition si nous voulons nous qualifier au second tour de l’élection présidentielle pour la gagner. Là est la condition si nous voulons obtenir une majorité parlementaire et mettre en œuvre, concrètement, le projet que nous bâtissons depuis des décennies. Là est la condition si nous voulons, demain, diriger des départements et des régions. Là est la condition pour gouverner encore plus de villes et de villages en 2026 !

Motion

Le Conseil Fédéral, réuni les 4 et 5 décembre 2021 en séance plénière, à Paris, décide :

  • Qu’un groupe de travail intitulé « Militer dans l’adversité ! » est créé, ouverts aux militant·e·s d’Europe Ecologie les Verts mais aussi aux militant·e·s du pôle écologiste qui le souhaiteraient;
  • Qu’il proposera des réunions régulières d’échanges entre militant·e·s ou avec des expert·e·s interne et/ou externes, concevra et diffusera des outils d’aide à la mobilisation, réfléchira à des modes d’actions efficaces et adaptés aux différentes situations de vos territoires, proposera des formations pour aider toutes celles et ceux qui en ressentent le besoin;
  • Qu’il travaillera en lien avec les membres du BE en charge de la mobilisation et de la formation, ainsi qu’avec la personne en charge de la mission territoires ;
  • Qu’il associera à leur convenance les secrétaires régionaux·les;
  • Qu’il prendra l’attache de la FEVE (Fédération des élus verts et écologistes), du CEDIS, de la Fondation de l’écologie, des jeunes écologistes et du Parti Vert Européen et de la FYEG (Fédération des jeunes écologistes européens) pour mettre en place toute collaboration utile ;
  • Qu’il se mettra également à la disposition des différentes directions de campagne pour travailler de concert à faire progresser l’écologie partout en France ;
  • Qu’il rendra compte de ses premiers mois d’activité lors du Conseil Fédéral qui se tiendra au début de l’été 2022.

Pour : 108 ; blancs : 4 ; contre : 1 ; nppv : 1



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