Le 17 octobre 1961, à l’appel du FLN algérien, des milliers de travailleurs immigrés, accompagnés de leurs familles, ont quitté leurs banlieues pour manifester pacifiquement contre le couvre-feu que venait de leur imposer le Préfet de police Maurice Papon.

Cette marche pacifique s’est transformée en un terrible et sanglant cauchemar pour des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants, lorsque les forces de l’ordre, obéissant à une hiérarchie obnubilée par le conflit algérien, ont abandonné les valeurs qui fondent l’ordre républicain pour sombrer dans la répression la plus sauvage.

Des centaines d’Algériens furent jetés à la Seine, certains les membres attachés, pour y périr noyés. Si les historiens varient sur le nombre de morts, les spécialistes parlent a minima, de plus d’une centaine, des milliers de manifestants furent blessés et internés.

Ce massacre enfoui au plus profond de la mémoire collective, effacé des livres d’histoire, ignoré des plus jeunes, constitue l’un des plus importants crimes d’État commis dans la France moderne. Il demeure à ce jour totalement impuni.

En 2012, le Président de la République a enfin reconnu que «la République reconnaît avec lucidité» la répression «sanglante» de la manifestation du 17 octobre 1961 et a rendu hommage à la mémoire des victimes. Dans la foulée, le Sénat avait adopté une résolution reconnaissant la répression par les forces de l’ordre françaises.

EELV avait alors salué un premier pas important.

Comme pour de nombreux crimes coloniaux oubliés, il est temps de faire toute la lumière sur ces évènements tragiques, qui doivent enfin être reconnus comme crime d’Etat.

Au-delà de cette reconnaissance, la plus grande transparence doit être faite sur ces événements, notamment en permettant aux historiens un libre accès aux Archives de la Préfecture de Police.

Julien Bayou, Sandrine Rousseau, porte-parole nationaux