Alors que le Président prévoit de rencontrer les membres de la Convention Citoyenne pour le Climat lundi prochain, le bilan des mesures retenues par le gouvernement s’annonce très décevant. A la veille des 5 ans de l’Accord de Paris, Europe Écologie Les Verts appelle Emmanuel Macron a respecter le contrat moral qui le lie aux 150 citoyen.nes et à prendre des mesures à la hauteur de l’urgence climatique.

Dans un contexte où de nombreux pays rehaussent leurs objectifs climatiques et où le Conseil européen devrait proposer ces 10 et 11 décembre un objectif plus ambitieux à l’horizon 2030, mettre en oeuvre les propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat pourrait sembler une évidence. La France n’est pourtant pas à la hauteur de cet enjeu pour la planète : le gouvernement n’a pris aucun arbitrage ambitieux sur les travaux des 150 citoyen.nes.

Et pourtant ! Les mesures présentées sont largement plébiscitées par l’opinion publique : un sondage ELABE indique que 60% des français.es estiment la CCC comme légitime et les mesures proposées pertinentes pour lutter contre le changement climatique. Un sondage Kantar paru hier montre, par ailleurs, qu’une majorité de français.es et d’allemand.es (respectivement 68 % et 79 %) appellent de leurs vœux des lois contraignantes pour atteindre les objectifs climatiques.

Emmanuel Macron montre ainsi son irresponsabilité en refusant d’engager les chantiers nécessaires :

  • pas de chèques alimentaires pour permettre aux personnes les plus démunies de se nourrir sainement, ni de redevance sur les engrais azotés ;
  • pas d’obligation de rénovation globale des logements pour mettre fin aux étiquettes F et G à échéance 2030 ni de mesures pour lutter efficacement contre l’artificialisation des sols ;
  • rien sur la régulation de la publicité pour les produits les plus polluants ni sur l’éco-conditionnalité des aides publiques ;
  • pas d’interdiction des vols domestiques de courte durée ni de la vente de véhicules neufs polluants d’ici 2025.

La liste des renoncements est encore longue et il est urgent que le gouvernement se saisisse des derniers arbitrages pour relever l’ambition d’une loi qui, si elle restait en l’état, acterait le retard de la France en matière de lutte contre le dérèglement climatique. Rappelons que le Président s’était engagé en juin dernier à reprendre “sans filtre” 146 des 149 propositions. Que vaut alors la parole présidentielle quand elle méprise de la sorte le travail citoyen de plusieurs mois ? En bafouant les conclusions d’un nouvel outil de démocratie participative, le Président montre qu’il n’a pas changé de logiciel politique et reporte defacto la “politique autrement” aux calendes grecques.  

Les écologistes ont toutes les raisons d’être pessimistes quant à la capacité du gouvernement de reprendre les travaux de la Convention et à les transcrire dans le projet de loi qui sera présenté en janvier au Parlement. Europe Écologie Les Verts sera mobilisé pour faire pression à toutes les étapes du processus législatif, pour que les mesures soient à la hauteur des enjeux climatiques. Il est plus que temps d’agir pour préserver une planète vivable !

Eva Sas et Alain Coulombel, porte-paroles