Un amendement déposé le 24 septembre à l’Assemblée Nationale dans le cadre du projet de loi ASAP (Accélération et Simplification de l’Action Publique) pourrait porter un coup décisif à la protection des forêts françaises primaires en Guyane, déjà malmenées par le braconnage, l’orpaillage illégal ou les mines d’or comme le nouveau projet Espérance.

Cet amendement prévoit de créer une dérogation guyanaise aux dispositions censées protéger les forêts de l’Etat. L’objectif est de passer de 150 à 5.000 ha le seuil des baux forestiers, soit 33 fois plus de surface de forêt qui pourra être mise à la disposition d’exploitations forestières.

Les exploitants forestiers doivent pouvoir se développer, mais dans le respect du renouvellement de notre ressource. Or développer le secteur de la biomasse, représenté en Guyane par la multinationale Voltalia et Total, ne peut-être la solution.

En effet, alors que 24,2 millions d’hectares de couvert forestier, dont une grande partie de forêts tropicales primaires, ont disparu dans le monde en 2019, la plantation en monoculture d’arbres à vocation énergétique (filière des agrocarburants devant alimenter la future centrale thermique du Larivot), à la place de la forêt actuelle, serait un tournant dramatique pour la protection du poumon vert amazonien qui comprend, en Guyane, pas moins de 1700 espèces d’arbres. 

En outre, la crise sanitaire actuelle nous alerte sur l’interdépendance entre la santé humaine, la santé animale et la santé des écosystèmes. Nous savons aujourd’hui que la déforestation favorise l’émergence d’agents pathogènes dangereux pour l’Homme. Jamais le lien entre la destruction du monde sauvage et les équilibres fragiles de notre Planète n’a été aussi criant. 

Face à cette situation et à ces risques, Guyane Écologie et Europe Écologie Les Verts appellent au retrait immédiat de cet amendement et dénoncent la destruction programmée des forêts primaires françaises en Guyane, l’accaparement des terres aux dépens des petits agriculteurs locaux, l’aggravation du dérèglement climatique, la disparition de la biodiversité et par conséquent la mise en danger de la santé humaine et planétaire.

Eva Sas et Alain Coulombel, porte-paroles
Guyane Écologie
Les Commissions Biodiversité, Énergie et Santé d’EELV