Les données sur la surmortalité dans les départements liée à la pandémie du Covid-19, montrent que le département de la Seine-Saint-Denis, département le plus jeune et le plus pauvre de France, paie un lourd tribut. Plus globalement, il est probable que la carte de la surmortalité recoupe celle des quartiers populaires, dont la moitié des habitants vit sous le seuil de pauvreté.

Alors que le directeur général de la santé constate « qu’à l’évidence ce sont les inégalités dont souffre la Seine-Saint-Denis à tous les niveaux qui expliquent ce terrible bilan », son ministère de tutelle ne s’est pourtant pas montré particulièrement actif pour résoudre ce problème de fond. Depuis 40 ans, les gouvernements ont présenté une succession de plans censés corriger les inégalités, des dispositifs dérogatoires censés prendre en compte la situation des quartiers populaires. La réalité est toute autre : disparition des services publics de proximité, de permanences sociales, suppression de postes d’enseignants, associations exsangues…

Chaque crise mondiale plonge les habitants des quartiers populaires dans un nouvel abîme économique et social dont ils peinent à se relever. La crise du Covid-19 est sans précédent. La situation des quartiers populaires doit nous alerter : de nombreuses personnes ont basculé du jour au lendemain dans l’extrême pauvreté, recourant à l’aide alimentaire et se trouvant dans l’incapacité de payer leur loyer, suite à la perte de tout revenu. Les mesures d’urgence prises ces dernières semaines par le Gouvernement en direction des plus fragiles sont nécessaires, mais largement insuffisantes. 

Europe Écologie Les Verts appelle à un changement de modèle dans la lutte contre les inégalités territoriales. Il passe par :

  • la revalorisation du SMIC abrogation de la réforme de l’assurance chômage, extension des expérimentations « Territoire Zéro Chômeurs », réforme du système de protection sociale des travailleurs indépendants et expérimentation du Revenu universel d’existence ;
  • le rattrapage des moyens humains et financiers du service public dans les domaines régaliens de l’éducation, de la santé, de la justice et de la sécurité ;
  • la reconnaissance et soutien pérenne des associations de proximité 
  • le désenclavement durable des quartiers populaires, par la création de réseaux de transports à faibles émissions et par le rééquilibrage territorial de l’offre en logements sociaux.

Alain Coulombel et Éva Sas, porte-paroles