La loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR) a été adoptée cette semaine dans sa version finale. Portée par la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal, cette loi a pour objectif affiché « d’éviter le décrochage de la recherche française et d’améliorer l’attractivité du métier ». Elle favorise en réalité l’inverse en précarisant davantage les universitaires, chercheurs et chercheuses.

Les 25 milliards supplémentaires affichés pour 2021-2030 sont très largement un trompe-l’œil, puisque l’essentiel correspond à l’inflation et à l’augmentation mécanique, incompressible, des rémunérations. L’objectif de 1% du PIB pour la recherche publique, déjà obsolète au vu des efforts de la plupart des grands pays, est renvoyé à 2030 ! Aucun engagement n’est pris concernant le rééquilibrage des moyens vers les crédits récurrents, une demande constante de la communauté, ni pour la stabilité des carrières. C’est même le contraire : les statuts précaires seront de plus en plus la norme, alors même que la stabilité de l’emploi est un élément essentiel de l’attractivité de la recherche française. Aucun effort n’est prévu pour les universités, alors que les effectifs étudiants vont croître : la dégradation du supérieur est donc, pour le coup, programmée.

Cette loi est largement contestée par les milieux universitaires et au-delà : Conseil Économique, Social et Environnemental, Conseil National des Universités, professionnel.le.s, syndicats, étudiant.e.s, etc. Europe Écologie Les Verts dénonce l’absence totale de concertation et d’écoute de la communauté de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, au point que les représentant.es au niveau national des enseignants et enseignantes-chercheurs.euses, élu.es par leurs pairs, en appellent aujourd’hui publiquement à la démission de la ministre : une situation sans précédent.  

Face à cela, le Gouvernement choisit une énième fois de passer en force sur ce texte : une procédure accélérée, des débats écourtés, un flou entretenu autour de certains amendements et une commission mixte paritaire qui modifie à la dernière minute des éléments sensibles du texte. En effet, un amendement, proposé par un sénateur UDI, qui condamne le fait de pénétrer ou de se maintenir dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement supérieur […] dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement” a été ajouté. Ce délit serait passible de 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende s’il était commis en réunion. 

Cela participe d’un recul inacceptable pour les libertés individuelles doublé d’une marque de défiance supplémentaire envers la jeunesse. Une nouvelle fois le Gouvernement s’illustre dans ce domaine. Ce sera cette fois-ci au sein des universités et établissements d’enseignement supérieur. 

Europe Écologie Les Verts demande donc l’abandon de la loi dans son état actuel et une co-construction du texte pour une réelle réponse aux enjeux et demandes de la communauté universitaire.

Alain Coulombel et Eva Sas, porte-paroles
La Commission Enseignement supérieur et Recherche d’EELV