Adoptée par le Conseil fédéral d’Europe Écologie Les Verts des 30 et 31 janvier 2021

Exposé des motifs

La crise sanitaire est une terrible illustration de la déconnexion partielle de certaines politiques publiques avec la méthode et les connaissances scientifiques. Au-delà des décisions problématiques et logistiques (masques, confinement et ouvertures des magasins, campagne vaccinale) déjà bien décrites, la gestion erratique de la crise aurait pu être améliorée par une approche plus rationnelle, scientifique et éthique.

Les incertitudes posées par ce virus inconnu auraient nécessité une veille continue des avancées scientifiques et une transparence totale sur la situation sanitaire du pays. Cela n’a malheureusement pas été le cas : l’amélioration de la connaissance sur le mode de propagation (que le consensus scientifique suspecte maintenant d’être principalement aérosol plutôt que par gouttelettes comme initialement) n’a pas changé les politiques d’accueil du public, le manque de transparence a rendu toute étude fine sur les lieux de propagation (telles les écoles) très difficile. Les sources et avis du conseil scientifique n’étaient ni communiquées publiquement et encore moins discutées en amont à la lumière des connaissances scientifiques comme cela aurait été souhaitable. La présence – notamment médiatique – d’expert.e.s autoproclamé.e.s,avec peu voire aucune légitimité scientifique – dans le domaine concerné – a rendu le processus encore plus chaotique et source de défiance pour les citoyen.ne.s.

Science et empirisme vont de pair, science et débat contradictoire aussi. Cette crise et d’autres à venir nécessitent la mise en place d’une réelle « démocratie scientifique » afin de décentraliser et diffuser l’expertise. Les décisions doivent être l’objet de débats, d’échanges locaux entre citoyen.ne.s, entre citoyen.nes et élu.e.s, entre citoyen.nes et scientifiques ou au travers de conventions citoyennes. Faire de la pédagogie scientifique est indispensable pour développer une culture scientifique en conscience. Il est essentiel de renouer la confiance en commençant par ne pas infantiliser le public. En retour, les décideur.e.s pourraient appliquer des décisions et des mesures plus justes, mieux comprises, mieux acceptés et appliqués. 

Or, les défis actuels sont trop complexes pour n’être abordés que par des approches binaires ou simplistes. L’expertise scientifique basée sur les discussions entre pair.e.s doit être reconnue et nourrir les analyses et décisions politiques. Il est important pour cela d’encourager une politique ouverte des données, de garantir la liberté académique et de mettre en place un processus de transfert des connaissances efficace, transparent et indépendant. Notre parti doit également à cette fin encourager les initiatives d’éducation populaire et scientifique pour les citoyen.ne.s de tout âge et condition.

Motion

Le Conseil Fédéral d’EELV :

  • S’inquiète de l’influence croissante de groupes pseudo-rationalistes, ou « gardiens de la raison » auto-proclamés, derrière lesquels sont souvent cachés des lobbys industriels ou des mouvements défendant une idéologie. Nous sommes également inquiet.e.s de la perméabilité grandissante de la société aux thèses complotistes ou autres fake news. Les avis de parties prenantes plus légitimes – comme les organismes de recherche et institutions reconnus – peuvent même parfois en être éclipsés. A ce titre la transparence publique sur les expert.e.s sollicité.e.s – et leurs éventuels conflits d’intérêt – doit être la règle. Toutes les opinions sont libres, mais toutes n’ont pas valeur de faits. 
  • Rappelle que l’expertise écologiste est aussi une expertise scientifique sur le climat, la santé, les pollutions, le nucléaire, le féminisme… Le succès de la méthode de la convention citoyenne pour le climat, visant à produire des propositions à partir de connaissances scientifiques établies, est à ce titre révélateur. On retrouve d’ailleurs dans ces propositions de nombreuses idées portées par EELV !
  • S’engage à donner de la hauteur au débat public et médiatique en refusant l’infantilisation des citoyen.ne.s ou la sur-simplification des enjeux, à accepter la complexité et exiger la transparence.
  • S’engage à réclamer des moyens supplémentaires pour la recherche, la création et la diffusion de savoirs accessibles à toutes et tous.
  • S’engage à évaluer continûment ses actions et analyses à la lumière de l’évolution des connaissances scientifiques dûment sourcées et validées par les communautés concernées.

Pour : 98 ; blancs : 5 ; nppv : 3



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