Le plan de relance économique présenté par le Gouvernement, France Relance, sera donc doté de 100 milliards d’euros et divisé en trois parties principales : la transition écologique, la compétitivité et la cohésion. Se donnant comme priorité la lutte contre le chômage, Jean Castex annonce la création de 160 000 emplois d’ici 2022, alors même que les prévisions annoncent des suppressions allant jusqu’à 800 000 postes .. cherchez l’erreur.

Le gouvernement nous avait promis “Le verdissement et la relocalisation notre économie”, ce sera au final un plan de relance à l’ancienne qui comprend un volet écologique, bien en deçà des enjeux.

Ce plan est incohérent, affichant d’un côté un objectif de transition écologique, et de l’autre  un soutien aveugle à la compétitivité des entreprises, sans aucune conditionnalité sociale ni environnementale. Rappelons que ce gouvernement a déjà signé un chèque en blanc de 22 milliards d’euros aux filières aéronautique et automobiles, sans les adosser à une trajectoire carbone compatible avec l’Accord de Paris.
Un milliard est proposé pour la relocalisation de notre économie alors que la France continue à signer et mettre en oeuvre des accords internationaux de libre échange, et que le gouvernement n’agit pas au niveau européen pour introduire une préférence locale dans les marchés publics.

Pire encore, la mesure phare pour la compétitivité, la baisse des impôts de production pour les entreprises, bénéficiera en premier lieu à 3 secteurs : la production d’énergie, les industries extractives et la finance ! Quelle cohérence avec l’objectif de soutien à la transition écologique ?

Plutôt que de baisser les impôts de production, réduire la TVA aurait été une mesure bénéfique pour les plus pauvres. Ce n’est pas la vision de la “compétitivité” de ce gouvernement. Pour justifier l’absence d’une mesure sociale importante, il évoque l’épargne des ménages, négligeant la très grande partie des françaises et français qui vivent au jour le jour, et n’ont évidemment aucun bas de laine dans lequel puiser. 

France Relance manque d’ambition et de vision. Beaucoup d’annonces passent à côté des grands enjeux de notre temps. Rien par exemple pour le secteur des énergies renouvelables, alors que 7 milliards d’euros sont annoncés pour développer la filière hydrogène “verte”. Le financement de la rénovation thermique est insuffisant : pour les bâtiments privés, le milliard supplémentaire par an annoncé ne permet même pas de revenir aux montants de 2018. Pour les bâtiments publics, avec 2 milliards annuels, on est loin des 4 milliards qui seraient nécessaires pour les seuls bâtiments scolaires.

Enfin les 30 milliards sur deux ans affichés pour la transition écologiques ne sont malheureusement qu’un trompe l’oeil. Qu’y trouve-t-on ? 2,5 milliards de prêts (BPI), qui ne sont donc pas du soutien financier direct, 2,6 milliards d’euros consacrés au soutien à l’industrie aéronautique et automobile et 470 millions d’euros de soutien à la filière nucléaire, à rebours de l’engagement de la France pour une réduction progressive du parc nucléaire. L’habillage d’un nucléaire décarboné passe sous silence les dangers que représente cette filière, et le sacrifice des générations futures qui devront en gérer les déchets toxiques. 

Quant au financement de ce plan, le flou est de mise, au niveau européen comme au niveau national ! La baisse de la fiscalité des entreprises sera-t-elle payée demain par une augmentation de la fiscalité des ménages ? C’est déjà en partie le cas avec la prolongation de la CRDS (une taxe de 0,5 % sur la plupart des revenus), qui devait s’éteindre en 2023 et qui sera prolongée de 10 ans. 

Le gouvernement souhaite une relance par les territoires, mais d’une main il crée un ensemble de “sous préfets au plan” qui seront chargés de le mettre en oeuvre, en région, et de l’autre, il retire aux régions une partie de leur fiscalité propre. Le premier ministre qui se place en défenseur des territoires et de la décentralisation, les met en réalité sous un contrôle renforcé de l’Etat. 

EELV déplore enfin que ce plan de relance ne soit qu’un investissement ponctuel quand il faudrait  engager une réelle transformation de notre économie, sur le long terme. Nous avons besoin d’un changement radical de manière de penser le monde économique qui considère la question de l’urgence climatique comme point cardinal guidant l’ensemble des politiques publiques, et qui ne laisse personne au bord du chemin.

Eva Sas et Alain Coulombel, porte-paroles