Communiqué de presse EELV du 14 octobre 2012

EELV se félicite des positions de François Hollande appelant à tourner définitivement la page « Françafrique », dans un discours lucide en parfaite opposition à celui de son prédécesseur. Avec le nouveau gouvernement français, et, en première ligne, son ministre du développement Pascal Canfin, EELV appelle à l’invention d’une nouvelle politique de développement.

François Hollande a vanté à Dakar les richesses et potentialités de l’Afrique et rappelé la responsabilité de la France dans son « histoire cruelle ». Soulignant la nécessité de la démocratie, le président de la République s’est pourtant refusé à se poser en donneur de leçons, notant que les députées sénégalaises sont proportionnellement plus nombreuses que les françaises et reconnaissant que la montée des inégalités est une priorité partagée par les deux pays.

Sur le plan économique, EELV se félicite des orientations du gouvernement, concrétisées entre autres par la création d’un ministère du développement positionné en acteur-clé de la nouvelle « politique africaine » de la France et par les expressions fortes qui expriment désormais l’analyse de Paris : commerce équitable, autonomie alimentaire, juste prix pour ses ressources… EELV salue ainsi la défense courageuse par François Hollande du projet européen Itie – Initiative pour la transparence dans les industries extractives – qui pourraient concerner le pétrolier Total et Areva exploitant l »uranium du Niger.

EELV reste cependant attentif à d’autres aspects du discours de François Hollande. La notion de croissance par exemple, qui, en Afrique plus qu’ailleurs, se fait au détriment de l’environnement et des populations. Ou encore « l ‘accompagnement » proposé dans les secteurs de l’agroalimentaire, des télécommunications et des services financiers qui ne doit pas favoriser les intérêts des grands groupes français mais un développement autonome et endogène.

Nous partageons également les inquiétudes du Président de la république sur « la crise alimentaire, le dérèglement climatique, les trafics, le fondamentalisme… » qui secouent nombre de pays africains et particulièrement le nord du Sahel. Mais, pour y répondre, il faudra s’attaquer aux causes profondes : mondialisation sans contrôle, spéculation effrénée, raréfaction et exploitation des ressources… c’est à dire remettre en cause notre modèle de développement, ici et là bas.
Au Mali, EELV estime ainsi que, en complément d’interventions d’urgence, il faut construire une réponse globale à la barbarie tant démocratique, qu’économique, environnementale et sociale.
 

Jean-Philippe MAGNEN et Elise Lowy, porte-parole