En cette période de crise sanitaire, sociale et économique, la 24ème édition de la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées (SEEPH) revêt un caractère particulier. D’abord parce qu’elle est concomitante avec la 4ème édition du DuoDay, un événement pensé pour favoriser l’emploi des personnes handicapées et dont l’édition 2020 se trouve malheureusement peu suivie : sur 15 000 candidatures, seuls 4 000 duos avaient été créés début novembre, contre 13 000 en 2019. Ensuite parce que, malgré un taux de chômage des personnes handicapées deux fois supérieur à la moyenne (18% contre 9% actuellement), les tendances enregistrées avant la COVID-19 étaient encourageantes avec un nombre de demandeurs d’emploi handicapés sous la barre symbolique des 500 000.

La crise économique risque malheureusement d’inverser cette tendance et le gouvernement ne semble pas mesurer la gravité de la situation. Les écologistes rappellent que les préjugés restent le principal frein à l’embauche des personnes handicapées. Parmi les réclamations pour discrimination reçues en 2019 par le Défenseur des droits, le handicap était le premier critère (22%).

Les écologistes demandent que les efforts de sensibilisation auprès des entreprises et des professionnels de l’emploi soient amplifiés, notamment par la formation systématique des conseillers à l’emploi aux enjeux du handicap.

Parallèlement, les mesures de sanctions/incitations doivent être renforcées pour rendre effective l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (qui doivent représenter 6 % des effectifs des entreprises assujetties). Les objectifs ne sont pas atteints, et les contributions pas assez dissuasives. Rappelons que les sommes payées par les entreprises qui n’embauchent pas 6% de TH financent les aménagements de postes nécessaires à celles qui jouent le jeu. Cette politique de sensibilisation doit également s’ancrer dans un cadre plus global, avec une action dès le plus jeune âge, à l’école, pour casser les a-priori sur le handicap.

Une attention particulière doit être portée dans cette période pour lutter contre l’isolement des personnes handicapées. Les ESAT doivent être maintenus ouverts, le plus possible, et leur financement assuré et accru. Rappelons que ce gouvernement a largement contribué à fragiliser et précariser les situations professionnelles des personnes handicapées, notamment en rendant les souscriptions aux contrats aidés encore plus difficiles par une réforme de 2017.

Nous avons besoin d’une réelle stratégie pour l’emploi des personnes handicapées, à l’échelle nationale comme européenne. EELV propose que la prochaine stratégie européenne en faveur des personnes handicapées (présentée en 2021), soit fondée en priorité sur l’emploi, favorisant par la même occasion leur inclusion.

Enfin, la création d’une cinquième branche au sein du Projet de loi de financement de la sécurité sociale 2021 place le risque Autonomie, sa prévention et sa compensation, dans le champ de la sécurité sociale. Ce décloisonnement était une revendication historique des acteurs. Ce qu’elle changera dépendra, pour les personnes en situation de handicap ou âgées, de son financement solidaire, et de la définition de ses missions reprenant celles de la Caisse nationale de Solidarité pour l’autonomie et celles de la future loi Autonomie. Nous y serons vigilant.e.s.

Alain Coulombel et Eva Sas, porte-paroles