Le bilan du voyage en Chine du président Emmanuel Macron (la commissaire européenne Ursula Von der Leyen qui l’accompagnait ayant été marginalisée…), s’avère encore plus catastrophique qu’on pouvait le craindre. Seuls les intérêts des entreprises françaises (plus de 50 entreprises, dont le fleuron des multinationales, faisaient partie du voyage) échappent à l’échec diplomatique et personnel du président.

Rien n’en ressort quant à la défense des droits humains. Pourtant, il n’est pas possible d’ignorer les mouvements de révolte inédits qui ont secoué la Chine ces derniers mois lorsque des citoyens ont dénoncé les mesures liberticides anti-Covid prises par leur gouvernement, allant jusqu’à exprimer leur volonté du départ de Xi Jinping. Arrêtés, condamnés ou disparus, il aurait été indispensable de les soutenir publiquement. Comme de soutenir les innombrables manifestant.es qui s’opposent régulièrement, et souvent physiquement, aux trop nombreuses destructions de leur environnement.

Lors de ce voyage, Emmanuel Macron aurait pu aussi apporter un soutien clair aux peuples colonisés et opprimés par la dictature chinoise. A Hong-Kong, la démocratie et la séparation des pouvoirs ont été détruites en quelques mois au mépris du droit international. Au Tibet et au Turkestan Oriental, les droits fondamentaux sont bafoués : transfert de population colonisés vers la Chine, emprisonnement de militants politiques, internements d’enfants à des fins de sinisation forcée, absence de liberté d’expression, de communication, et d’information, etc…

Bien au contraire, même si l’UE et la France doivent éviter de rentrer dans la rivalité économico-diplomatique entre la Chine et les Etat-Unis, Emmanuel Macron par ses propos ultérieurs, qui ont choqué le monde entier, a démontré son incapacité à dénoncer les menaces portant sur la souveraineté et les institutions démocratique de Taïwan. Quant à l’invasion de l’Ukraine, le président n’a rien obtenu de tangible, aucune condamnation, aucun engagement, sauf un veto réaffirmé sur l’emploi du nucléaire.

L’échec de ce voyage jette le discrédit sur la diplomatie française, et sur Emmanuel Macron lui-même. Son auto-satisfaction est effarante alors que le seul point positif de son voyage c’est la signature des contrats commerciaux.
Or, ces contrats contredisent les affirmations de la politique gouvernementale, sur le plan économique, écologique et de défense des droits humains.

Tout d’abord, EELV rappelle que la Covid a souligné les dangers des nombreuses délocalisations en Chine de secteurs fondamentaux pour la société française (pharmaceutique, informatique, énergétique, voire agro alimentaire, etc). Engager de nouveaux accords économiques sans prendre en compte les risques de cette dépendance est une grave erreur.
Ensuite, les entreprises françaises implantées en Chine – 2058 en 2020 – ne peuvent ignorer les scandaleuses conditions de travail régnant dans tout le pays, comme l’esclavage imposé aux Ouïghours dans des usines où sont sous traitées leurs productions.

Pour EELV, le président Macron aurait dû se souvenir du vote du Parlement français le qualifiant de « génocide » et rappeler aux entrepreneurs l’accompagnant que la législation française leur impose un devoir de vigilance quant aux droits sociaux et environnementaux.

Enfin, si le réchauffement climatique a été évoqué ainsi que la responsabilité de la Chine dont les émissions de Ges sont les plus importantes au monde ( 27%), cela aurait exigé d’interroger les relations commerciales entre l’UE et la Chine. Car si la production du pays se tourne aujourd’hui vers le marché intérieur, combien de ces émissions le sont encore au profit d’une consommation européenne? Ces « émissions importées » doivent donc être comptabilisées par les pays consommateurs à charge alors pour eux de les diminuer pour atteindre les engagements pris aux différentes COP.

EELV ne peut donc se réjouir d’une augmentation des échanges franco-chinois qui va à l’encontre des relocalisations indispensables des productions.

Pour EELV, les urgences climatiques, démocratiques, sociales, de justice et d’égalité, fondements de la paix mondiale, sacrifiées à des intérêts économiques à courte vue, sont les grandes perdantes de ce voyage.

Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-paroles
La commission Transnationale EELV