Après des semaines d’une campagne tendue, les britanniques ont tranché. EELV regrette le choix du BREXIT et appelle à une refondation profonde du modèle européen à travers une Constituante et la refonte des traités dès 2019.

Ce jeudi 23 juin, les citoyen-nes du Royaume-Uni se sont prononcé-es en faveur d’une sortie du pays du projet européen. Ce vote constitue un coup porté à l’Union européenne et aux valeurs qui ont donné lieu à la naissance du projet européen : l’union pour la paix et le rapprochement des peuples sur le continent.

Les écologistes prennent acte de ce résultat et regrettent que la campagne qui se termine ait laissé peu de place au débat sur le projet européen. Face aux slogans populistes des partisan-es du Brexit, cette campagne a surtout fait la preuve du désarroi et craintes des citoyens sur des questions majeures telles que la fiscalité, la situation socio-économique ou la problématique migratoire. Autant de questions, détournées à des fins nationales et populistes lors de la campagne référendaire, qui restent représentatives des égoïsmes nationaux au sein de l’UE.

En faisant le pari d’un référendum parasité par des enjeux politiques internes et de leadership dans son propre mouvement politique, David Cameron a réduit les termes du débat sans s’adresser aux causes du rejet européen et à pris le risque de la dislocation. La résurgence des nationalismes, du repli sur soi identitaire, aussi bien que ce nouveau vote sont plus que des symptômes d’une dislocation de l’Union européenne : faute de sursaut, ils en sont les prémices.

L’option européenne sert aujourd’hui de catalyseur et de défouloir à une population qui se sent dépossédée de ses choix démocratiques, peine à maintenir ses conditions de vie dans une période d’austérité, voit s’opposer de manière croissante les riches et les pauvres, les connectés hyper-urbains et les isolés des banlieues ou des campagnes, les citoyens et les lobbies, banques ou multinationales. Manque de transparence des institutions européennes, double discours des forces politiques majoritaires, absence de réel espace public européen : c’est le manque d’Europe qui crée le rejet des peuples. Vouloir construire l’Europe, c’est construire un projet européen démocratique, durable, qui sort de l’austérité pour entrer dans une prospérité partagée.

Si la population des actifs britannique a marqué une réticence renforcée à l’encontre de l’Europe et de ses fonctionnements actuels, les jeunes générations, qui vivent déjà l’Europe au quotidien (études, emploi), continuent massivement à soutenir l’idée d’un avenir européen. Car dans les faits, l’Europe se vit déjà au quotidien : 1,7 million de ressortissant-es de l’UE vivent ou travaillent au Royaume-Uni et 1,2 millions de britanniques vivent dans les territoires d’autres États membres de l’Union. Europe Écologie – Les Verts rappelle son engagement auprès des partis Verts anglais, écossais et européen pour la poursuite de l’adhésion au projet européen et son approfondissement.

Le choix est désormais entre repli nationaliste et refondation du projet européen. Pour les écologistes, ce renouveau n’a jamais été aussi nécessaire : dans un cadre de libre-échange mondialisé, construire l’Europe est un projet qui doit permettre aux citoyens de peser à nouveau face aux multinationales et aux marchés et de pouvoir agir avec ouverture et détermination face aux grands bouleversements climatiques et humanitaires. Mais le projet est à l’arrêt, miné par l’accaparement des décisions par quelques-un-es, à Paris, Berlin ou Bruxelles et par la folle poursuite de politiques d’austérité qui divise le continent et attise les haines. Le statu quo n’est pas envisageable : transparence et refonte des mécanismes de décision.

Pour les écologistes, l’Union européenne est porteuse de réponses aux défis actuels de la paix et du vivre-ensemble, de la protection de l’environnement et du climat, de prospérité partagée.

Voilà pourquoi nous faisons le pari d’une reprise en main par les citoyens européens de notre destin collectif.

Pour que l’Europe redevienne l’affaire de tous, nous demandons à ce que les élections européennes de 2019 donnent naissance à une véritable Constituante chargée de soumettre à referendum européen un nouveau cadre commun qui mette fin aux marchandages des chefs d’États. Et sans attendre, pour offrir à nouveau un horizon de prospérité partagée, engageons notre continent sur la voix d’un Green New Deal créateur d’emploi, de bien-être et d’une conférence sur la dette qui referme le cycle honteux de la défiance entre européens : prenons le tournant du siècle qui vient.

Julien Bayou, Sandra Regol, porte-parole nationaux
Marie Toussaint, déléguée à l’Europe