Communiqué de presseLe  mercredi 19 Avril 2023

Mayotte 101ème département français, depuis 2011, vit au rythme des annonces et des promesses de l’Etat français, alors que les situations sociales, économiques, sanitaires, institutionnelles, environnementales et sécuritaires demeurent chaotiques. Un important retard de moyens structurels associés à une précarité qui s’est généralisée, fait qu’aujourd’hui Mayotte connaît des tensions communautaires qui ne cessent de s’agrandir attisées par le pouvoir et les conflits autour de la problématique migratoire. 

Face à cette réalité, le Ministre Gérald Darmanin prévoit le 21 avril 2023 une opération de destructions massives de bidonvilles, de décasage et d’expulsions  «d’étrangers en situations irrégulières », après le ramadan, sous le nom de code : Wuambushu.

Des forces de l’Ordre et leurs unités d’élite sont massivement mobilisées pour permettre l’expulsion de 250 à 280 personnes par jour. Avec une mise en scène à grand spectacle, minutieusement orchestrée, tout laisse à penser que le ministre de l’Intérieur compte faire de Mayotte une terre d’expérimentation sécuritaire !

Pourtant cette  stratégie du tout sécuritaire n’a fait que prouver qu’elle était inéfficace et injuste pour ramener la paix et la sécurité sur place et elle est un nouvel aveu de la politique hors sol réalisée par ce gouvernement. 

Nous ne pouvons accepter que la violence constitue la seule réponse à la situation de ce territoire. Nous estimons que le sous-développement est entretenu à Mayotte depuis longtemps par l’Etat français, comme il est maintenu dans de nombreux autres territoires ultramarins.

Les flux migratoires vers Mayotte ne peuvent être détachés de la pauvreté des Comores et de Madagascar, de la mauvaise qualité des services publics de santé et d’éducation de ces pays voisins. 

Nous condamnons donc cette opération violente qui participe à stigmatiser des populations démunies, en distillant la haine et qui entrainera  des violations massives des droits humains.

Nous sollicitons la mise en place immédiate d’un plan Marshall pour l’archipel afin de réhabiliter les services publics à Mayotte et de soutenir ce développement dans les  îles des Comores. 

En conséquence, EELV exige l’arrêt immédiat de l’opération WUAMBUSHU et demande la mise en place dans l’urgence d’une commission parlementaire. Celle-ci aurait pour mission d’évaluer la situation dans sa globalité, de faire des préconisations adaptées à la situation actuelle de crise et de dégager un accord-cadre avec l’Etat des Comores.

 Aminata Niakaté et Sophie Bussière, porte-paroles nationales
Les commissions des outre-mer, transnationale, immigration et mer et littoral