Le Gouvernement a annoncé une réforme de la police judiciaire, portée par Gérald Darmanin. Ce projet et la manière dont il est construit suscitent l’hostilité conjointe des forces de police, des avocats et des magistrats. Dernier épisode en date : le renvoi d’Éric Arella, directeur de la PJ de Marseille, qui ne s’est pas opposé à l’expression de désarroi et d’inquiétude de ses troupes (la “haie du déshonneur”) lors de la venue à Marseille du directeur général de la Police nationale, Frédéric Veaux.

Europe Écologie-Les Verts (EÉLV) condamne, aux côtés des policier·e·s, avocat·e·s et magistrat·e·s, cette sanction inacceptable et apporte son soutien à Éric Arella, ainsi qu’aux forces de l’ordre. Le devoir de réserve ne saurait s’analyser en une privation pure et simple de tout droit d’expression, nécessaire au sein d’une police républicaine. Nous réaffirmons notre attachement à la liberté de manifester, à la nécessité d’une concertation approfondie et au respect de conditions de travail dignes pour les policier·e·s. Sur la forme, cette réforme n’a pas fait l’objet de concertation suffisante avec les services intéressés, ni avec les forces politiques. Les réformes qui singent la concertation et l’expérimentation, ça suffit !

Pour préserver l’efficacité et la légitimité de la police judiciaire, nous demandons que ses spécificités techniques et juridiques soient reconnues. La double tutelle, administrative et judiciaire, sous laquelle sont placés les services de police, constitue un obstacle à l’efficacité des investigations. Régulièrement pris dans un conflit de loyauté à l’égard de leur hiérarchie, limités dans leurs moyens matériels lorsque les orientations voulues par la Justice ne sont pas du goût du ministère de l’Intérieur, les enquêteurs et enquêtrices doivent se battre contre leur hiérarchie pour faire avancer les dossiers. Afin de garantir que leur action puisse être exclusivement dédiée à l’élucidation des infractions, les officier·e·s de police judiciaire doivent être progressivement placé·e·s sous l’autorité exclusive des magistrats, en commençant par les services exclusivement dédiés aux enquêtes pénales.

Nous, membres d’EÉLV, appelons le Gouvernement à revoir sa copie en concertation avec l’ensemble des parties prenantes et à ne pas sanctionner injustement les forces de l’ordre déjà éprouvées.

Chloé Sagaspe et Alain Coulombel, porte-parole
Les Commissions Justice et Prévention, Sécurité & Tranquillité publique d’EÉLV