Cher•es ami•es j’ai une confession à vous faire … 

J’ai toujours aimé les Conseils fédéraux,  et ça n’est pas un poisson d’avril !

J’ai toujours aimé ces moments de retrouvailles, de débats parfois constructifs, parfois houleux, mais toujours conclusifs au service de notre projet commun.

Mais dans le climat politique inédit des dernières semaines, pour la France, pour nos droits sociaux et pour l’écologie. 

Je dois vous dire que je suis particulièrement émue et heureuse de vous retrouver ce week-end et de le passer avec vous.

Quand ça tangue, comme en ce moment, quand ça s’accélère, quand ça se tend, savoir qu’on peut, chacune et chacun, compter sur sa famille politique, en être fier•es, et se retrouver deux jours pour analyser, travailler,  réfléchir et se projeter ensemble,savoir pouvoir compter sur  la richesse de nos débats, la qualité de nos travaux, et la solidité de nos valeurs, c’est un réconfort immense, pour moi, mais je le sais aussi,pour vous.

Alors merci !

Merci d’être là,

Merci à toutes et tous nos militants et au peuple de l’écologie pour la grande détermination dont il fait preuve.

Merci de tenir bon.

C’est ça l’écologie. Nous devons en être très fier•es.
Et, évidemment, que personne ne doute du fait que nous allons continuer !

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Je reviendrai dans un deuxième temps sur le contexte politique, les évènements de ces derniers jours et les conclusions que nous devons en tirer.

Mais je souhaitais d’abord revenir sur les travaux menés par le parti et son bureau exécutif, toujours solide et solidaire, que je remercie infiniment pour sa disponibilité, son engagement et son sens du dialogue collectif pour une gestion au consensus.

Nous avons d’ailleurs mis en place avec toute l’équipe et la Présidente du Conseil Fédéral une méthode pour que vous ayez désormais les compte-rendus de nos travaux systématiquement et rapidement. Je sais à quel point cela est important pour beaucoup d’entre vous. Ca l’est donc pour nous également.

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Oui, notre parti est au travail ! Et l’ordre du jour de ce Conseil fédéral le démontre : les motions sont nombreuses tout comme l’ont été les concertations pour aboutir à un maximum de consensus. Nous pouvons être fier•es de la richesse du travail des conseillères et conseillers fédéraux ainsi que des commissions. 

Côté Bureau exécutif, depuis le dernier Conseil fédéral, nous travaillons sur plusieurs axes pour améliorer les conditions de travail et de militantisme dans notre parti.

En mettant en place la cellule VSS il y a quelques années, nous avons montré que nous prenons au sérieux, avant tous les autres partis, la question des violences sexistes et sexuelles et la parole des victimes.

C’est indispensable, mais ce n’est pas suffisant.

Ce que notre parti doit rechercher et travailler, aujourd’hui, c’est l’amélioration du fonctionnement de la cellule d’une part, évidemment, mais aussi et surtout le bien-être des militantes et militants. 

Comme nous nous y étions engagé•es, nous avons lancé un audit de la cellule VSS. 

Il se déroule en plusieurs phases : d’abord l’analyse des cas passés depuis les modifications de fonctionnement que le Conseil fédéral avait adoptées en février 2022. Cela prend du temps car il faut anonymiser ces données, bien sûr. 

Puis, en deuxième phase, des entretiens avec les membres passé•es et présent•es de la cellule. 

Le cabinet qui nous accompagne va aussi lancer une enquête de perception auprès de l’ensemble des militantes et militants d’EELV, à laquelle chacun et chacune d’entre vous pourra participer si il ou elle le souhaite.

La question de l’élargissement du champ de compétences de la cellule aux questions de harcèlement moral est également à l’étude.

Côté salarié•es enfin, nous avons réfléchi depuis le début du mandat à un plan de prévention des risques psychosociaux car on doit anticiper et assumer pleinement notre responsabilité d’employeur. 

Ce travail est en cours et nous vous en tiendrons informé•es. Nous poursuivons aussi, avec les régions, avec les groupes d’élu•es, avec l’ACEVA, les travaux pour la mise en place d’une instance de dialogue, en application de la motion du congrès “renforcer le dialogue social”.

Les Etats généraux de l’écologie seront enfin un excellent moyen de réfléchir à un mouvement inclusif, qui ne se contente pas de garantir un cadre où les agressions et le harcèlement soient prévenus. C’est au bien-être, à l’épanouissement et à l’émancipation de chaque militante et de chaque militant  que nous devons réfléchir. Quel que soit son âge, son origine géographique ou sociale, sa religion, son genre ou la couleur de sa peau. Le voilà, le défi du mouvement de l’écologie politique. Et sur ce sujet là aussi nous serons au rendez-vous.

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Nous nous préparons également aux prochaines échéances électorales, évidemment, sous la houlette de notre délégué élections Olivier Bertrand et de toutes celles et ceux qui, élu•es, membres du BE, membres de la CPE et responsables locaux du mouvement, se mobilisent dans un formidable travail d’équipe pour renforcer l’écologie dans les institutions.

Tout d’abord, même si nous avons du mal à croire en la probabilité d’une telle hypothèse, nous avons lancé un travail de préparation des législatives en cas de dissolution, en lien avec le groupe à l’Assemblée.

Nous refaisons le tour des candidates et candidats de juin pour nous assurer qu’ils repartiraient en cas de dissolution, et aussi pour se préparer sur les aspects techniques et logistiques d’une campagne qui ne manqueraient pas de défis de ce point de vue là car les élections doivent intervenir au maximum dans les 40 jours suivant la dissolution. 

Nous portons également une attention particulière aux circonscriptions qui ont été gagnées ou perdues de peu par des écologistes, ou par la gauche, bien conscient•es qu’il faudra y consacrer des moyens supplémentaires.  

Concernant les Sénatoriales, en lien avec le groupe écologiste au Sénat, les travaux avancent également dans le bon sens. Avec nos partenaires, avec les consultations en cours sur les territoires, et bientôt au niveau de la CPE, la Commission permanente électorale, à qui je renouvelle ma confiance et souhaite bon courage.

Nous consacrons également beaucoup d’énergie à la préparation des élections européennes, en lien avec la délégation des vert•es français•es au Parlement européen mais aussi avec le Parti Vert Européen, présidé par notre amie Mélanie Vogel, et qui a réuni hier à Bruxelles tous les chef•fes de partis verts européens pour un beau travail d’équipe, je peux en témoigner. 

Le Bureau exécutif vous a proposé une motion de cadrage sur les futures élections européennes. Je vous souhaite de bons débats ce week-end à ce sujet. 

Aujourd’hui le groupe écologiste au Parlement européen est la SEULE famille politique qui soit en dynamique au niveau global. 

Et notre responsabilité collective à nous tous partis verts européens, sera de réussir les élections de l’année prochaine pour devenir un groupe pivot qui permettrait de mettre à mal la coalition d’opportunité PPE/Renaissance/PSE que l’Europe connaît depuis des années. C’est à notre portée. Et cela changerait considérablement l’histoire de l’Europe politique.

Comme nous le sommes en France, nous sommes très alignés au sein de la famille verte européenne : cette campagne sera ambitieuse, collective et mettra l’écologie en première ligne, tout en cherchant à élargir son assise. Je ne sais pas vous, mais moi j’y crois et j’attends cette campagne avec impatience.

Parce que seule une Europe forte et fédérale nous permettra d’agir à la bonne échelle pour répondre au besoin de justice sociale et de défense du climat et de l’environnement dont nous avons besoin. Les avancées sont nombreuses, on salue d’ailleurs celle obtenue de haute lutte cette semaine par Marie Toussaint sur la reconnaissance de l’écocide. 

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Sénatoriales, européennes … viendra ensuite le temps des municipales.

Nous sommes déjà à mi-mandat. Le temps passe vite.

Mardi et mercredi, en marge des journées des élu•es municipaux et municipales qui auront lieu à Lyon, des maires écologistes montreront l’ampleur des changements qu’ils apportent sur toutes les questions du quotidien : l’alimentation, la gestion si précieuse de l’eau, l’éducation, la santé, les mobilités, les déchets… Et nous, le parti et ses militant•es, nous valoriserons cela car nous voulons saluer le travail de nos maires et du Président de la métropole de Lyon, dont nous sommes très fier•es, soutenir leurs actions pour les 3 prochaines années et faire en sorte que dans 6 ans, nous soyons encore plus nombreux et nombreuses, dans notre pays, à vivre dans des villes écologiques.

C’est la raison pour laquelle nous lancerons dès la rentrée de septembre des formations pour que tou•te•s les élu•es, militant•es et citoyen•nes qui se sentent écologistes mais vivent dans des villes qui ne sont pas (encore) écologistes, puissent apprendre de ces réussites et préparer les élections de 2026 dans les meilleures conditions d’entraide et de formation possibles. 


Vous le voyez, nous sommes prêt•es. Et heureusement. Car nous comptons le bien être au coeur de la sortie de crise que connaît notre pays.

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Depuis le début de cette année, nous vivons un moment politique très particulier, je pense que chacun•e en a bien conscience. 

Emmanuel Macron abîme la France. 

D’abord parce que sa proposition de contre-réforme des retraites abîme profondément notre pacte social qui est fondé sur la justice.

Rappelons-le, le préambule de la constitution de 1946 qui est un des piliers de la constitution de 1958 le dit clairement : 

“La Nation garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le repos et les loisirs.”

Oui à plus de 60 ans la plupart des gens ne sont plus des jeunes travailleurs et travailleuses. 

Et ce que propose le gouvernement, les français•es l’ont bien compris, c’est qu’on leur prenne leurs deux plus belles années de retraite, les deux premières, et qu’on y substitue ce qui sera leur deux pires années de travail. C’est aussi simple que cela.

Cette réforme, on l’a démontré en démontant un à un les mensonges du gouvernement, est injuste et inutile

Les Françaises et les Français l’ont parfaitement compris, et plus le gouvernement a essayé de faire preuve de “pédagogie”, comme ils disent, mieux ils l’ont compris. 

Donc comme on dit souvent que quand c’est bien il faut le dire : MERCI au gouvernement ! Merci de nous avoir aidé à convaincre les français•es que rien n’allait dans leur projet. 

9 actifs et actives sur 10 s’y opposent et après 2 mois et demi de débat et 10 journées d’actions, 2 Français•es sur 3 pensent qu’elle devrait être retirée.

Et comme si cela ne lui suffisait pas, Emmanuel Macron abîme aussi notre fonctionnement démocratique. 

En confondant légalité et légitimité. 

En oubliant les raisons d’une grosse partie du vote du second tour de l’élection présidentielle de 2022.

Il respecte peut-être la règle de la constitution, et encore c’est très loin d’être sûr, attendons la décision du Conseil constitutionnel.

Mais en aucun cas il n’en respecte l’esprit. 

Rappelons-le : “la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum.” 

Oui sur une réforme aussi importante, dans un contexte politique aussi fragile, l’usage du 49.3 est une faute politique et une erreur historique. 

“Gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple”. C’est un autre extrait de notre constitution.

Mais en ce moment le gouvernement est minoritaire, fébrile, le peuple est dans la rue. Le président enfermé dans son palais ou obligé de fermer les routes pour se déplacer et ne surtout pas le rencontrer, le peuple. Idem pour la Première ministre. Combien de temps cela peut-il continuer comme ça ? Pas longtemps …

Cela n’a jamais été aussi manifeste : la Vème république est à bout de souffle. A bientôt 65 ans, elle aussi, doit prendre sa retraite ! 

Le système français est une anomalie démocratique : quand on se compare à toute l’Europe, c’est de plus en plus flagrant.

En tant qu’écologistes, nous portons depuis des décennies des propositions pour revivifier la démocratie dans notre pays. Et nous continuerons à le faire ! 

Alors face à l’écrasement de la représentation nationale par l’exercice brutal du pouvoir par le Président et sa première Ministre, que nous reste-il ? 

Il nous reste d’abord la mobilisation sociale ! 

Et elle continue, heureusement. 

Nous savons la dette que nous avons collectivement vis-à-vis de celles et ceux qui maintiennent la grève, alors qu’elle leur coûte si cher. Nous ne l’oublierons pas, jamais. Et je vous invite une nouvelle fois à faire des dons, à la hauteur de vos possibilités, aux différentes caisses de grève. 

Mais cette mobilisation sociale ne plaît pas au Président et au gouvernement. 

Alors que font-ils, au lieu de se remettre en question ? Ils répriment ! 

Les 8 premières journées nationales d’action s’étaient impeccablement passées. On se réjouissait de pouvoir à nouveau manifester en famille. Et d’un coup on bascule.

La différence entre les 8 premières journées de mobilisation nationale qui se sont passées dans le plus grand calme et la 9ème ?

C’est très simple : le 49-3 par lequel l’exécutif a jeté, en conscience, de l’huile sur le feu.

Et un entretien hallucinant de déconnexion, de mépris et de cynisme du Président de la République.

La tension est brutalement montée. Comme on le redoutait. Comme on l’avait annoncé. Comme il fallait évidemment s’y attendre.

Et comment y a répondu le gouvernement ? Par la répression !

Des manifestant•es non-violents ont eu à subir des comportements inacceptables de la part de certain•es policier•es. Il ne s’agit pas de tous les membres des forces de l’ordre. Heureusement. Mais il ne s’agit pas non plus de dérapages individuels sous le coup de la fatigue. Il s’agit bien de moyens qui ont été consciemment et massivement déployés, d’ordres qui ont été donnés. Il s’agit bien d’une doctrine qui a été rigoureusement appliquée. 

Que ce soit sur les manifestations retraites ou à Sainte-Soline, le mécanisme est le même. 

Assumer la confrontation, ne pas tenter la désescalade. 

Les tactiques utilisées, les armes, utilisées que la loi française elle-même, n’en déplaise à Gérald Darmanin, qualifie d’armes de guerre, n’ont rien à faire dans un tel contexte. 

Oui il y a au milieu des dizaines de milliers de manifestant•es non violent•es, des personnes qui cherchent l’affrontement. qui veulent blesser des policiers. Ce n’est d’ailleurs pas spécifique à la France. Et notre parti l’a toujours condamné, toujours, et continuera à le faire, car la non-violence fait partie de nos fondamentaux. 

Il serait d’ailleurs bien que le ministre menteur de l’Intérieur et que les portes paroles zélés de la macronie arrêtent, elles et eux, d’entretenir l’ambiguité là dessus à notre sujet. Car si ambiguité il y a, c’est bien elles et eux qui déploient des trésors d’énergie, d’amalgames douteux et d’énergie mal dépensée à tout faire pour l’entretenir. Ce n’est pas républicain de leur part. Et c’est même dangereux car cela crée volontairement la confusion chez les français•es à notre sujet. Alors que nous sommes on ne peut plus clair. Nous le réaffirmons solennellement aujourd’hui.

Mais nous ferions une erreur politique en ayant peur d’affirmer également que oui, la France a un problème de doctrine du “maintien de l’ordre”. 

Et je mets bien “maintien de l’ordre” entre guillemets parce que cette expression est assez déconnectée des réalités que nous vivons en ce moment, toutes et tous, sur le terrain. 

Cette doctrine est d’ailleurs aujourd’hui remise en question par une large partie de la population et par de nombreux organismes indépendants nationaux et internationaux.

Des factieux aussi notables que 

L’ONU, 

Le Conseil de l’Europe, 

La défenseure des droits, 

La ligue des droits de l’homme

Amnesty International, 

Human Rights Watch….

Et même la Maison blanche !

Ça commence à en faire beaucoup …

Que lui faut-il de plus, au gouvernement, pour se remettre en question ? 

Pourquoi le monde entier serait choqué… sauf les autorités françaises ? Sont-ils une exception de génie pour avoir raison contre toutes les structures crédibles et respectées que je viens de citer ?

La question est bien celle-là : pourquoi persistent-ils et elles dans cette dérive ? 

Oui, ils et elles pourraient faire autrement. Ils et elles pourraient faire comme tous nos voisins européens : 

Développer la désescalade. 

Expliciter ce qu’ils font. 

Ne pas utiliser d’armes de guerre dans des manifestations. 

Analyser leurs erreurs, publiquement et de façon indépendante. 

Mais non ils ne le font pas. Parce qu’ils ont en réalité objectivement un intérêt à cette violence. 

Cette violence, ces embrasements, c’est le ferment de leur récit.

lls ne cessent d’utiliser les images choquantes qu’ils contribuent à provoquer, pour décrédibiliser leurs opposant•es. 

Ils le font en amalgamant les individus violents et leurs opposant•es. 

Les manifestant•es ? Des factieux et factieuses. Les mouvements qui les soutiennent ? Des factions.

Les 30 000 personnes présentes à Sainte-Soline pour défendre notre bien commun le plus précieux ? Des irresponsables.

Quand ils et elles feignent de ne pas entendre que nous condamnons les violences c’est pour mieux tenter de faire croire aux Françaises et aux Français qu’ils auraient le monopole de la raison.

Mais comme cela est injustifiable, ils en sont à devoir recourir au mensonge. 

Et heureusement que nous étions ce week-end à Sainte-Soline avec des parlementaires, pour pouvoir documenter ce que nous avons vu. Côté manifestant•es, car nous avons bien assisté à ces violences et nous le déplorons. Mais côté forces de l’ordre également, et là cela pose un sujet d’Etat de droit. 

Alors que nous tentions de protéger des blessé•es en constituant un cordons d’élu•es en écharpes devant, que nous ne représentions aucune menace, n’affichions aucune hostilité, nous avons été chargé•es par des quads, l’équivalent de la BRAV-M des champs, créée la même année d’ailleurs, qui se sont approchés très près de nous, nous ont aspergés de lacrymo ainsi que les blessé•es que nous avons dû porter dans le chaos et la confusion la plus totale, un peu plus loin.

Parmi eux, une jeune fille, mineure, qui venait de recevoir un tir tendu de grenade en pleine tête. Enfoncement orbital, mâchoire en morceaux. Et membres inférieurs dans un deuxième temps criblés d’impacts de balles par les grenades lancées par les quads à l’endroit même où elle était prise en charge, au sol, dans un premier temps.

Puis le temps de la prise en charge, très long, trop long. Les coups de fil à la préfète et au SDIS-PCO, c’est-à-dire aux secours et au poste de commandement. Nous avons fait le maximum. Pendant que les avocat•es de la LDH s’activaient de l’autre côté de la zone avec les deux autres urgences vitales recensées ce jour-là.

La réponse de la macronie ? Nous reprocher notre présence. 


Que veulent-ils ?

Que l’on arrête de manifester car ils ne sont pas capables de maintenir l’ordre ?

Que l’on arrête de se rendre sur place pour que nous ne puissions plus raconter la vérité et qu’ils et elles puissent tranquillement continuer de mentir ?

Alors puisqu’ils et elles ne le font pas eux, nous allons le faire nous, ici et maintenant.

Et applaudir les observateurs et observatrices de la LDH sur place, et les parlementaires insoumis et verts qui ont fait ce qu’ils et elles avaient à faire, sur place et depuis. Merci Benoit Biteau, eurodéputé et paysan charentais à l’avant-poste sur le sujet des bassines depuis le début, merci à Thomas Dossus, Marie Toussaint, David Cormand, Lisa Belluco, Daniel Salmon, et Claude Gruffat. Merci à Claire Desmare, Hélène Hardy et Benjamin Badouard, membre du Bureau exécutif. 

Merci aussi aux militant•es EELV et aux jeunes écolos qui étaient présent•es sur place.

Aucun•es n’a pris part aux violences, c’est une évidence que je tiens à rappeler. 

Aucun•e n’a été blessé•e, c’est un soulagement que je tiens à souligner. 

Et tous, nous restons en contact, avons accès à un suivi psychologique mis en place par EELV, et continuerons de témoigner. 

Ils ne nous feront pas taire, non, ils ne nous feront pas taire, ni arrêter de militer pour un partage juste et durable de l’eau.

Côté gouvernement, ils vont devoir arrêter de mentir, arrêter de brutaliser, et agir.

Alors oui bien sûr nous avons un problème particulier avec Gérald Darmanin, pour sa politique et pour ce qu’il représente. Qui ne sert pas les policier•es et les gendarmes en les mettant en première ligne de la violence qu’il attise, en se mettant en scène et en multipliant les mensonges. 

Il se met en scène car il joue un moment important de sa propre carrière politique. 

Il est évident que l’intérêt général commanderait la concorde et la désescalade. 

Lui, il fracture et jette de l’huile sur le feu. 

Mais cela va au-delà de Gérald Darmanin car la responsabilité est bien celle d’Emmanuel Macron et de son gouvernement, pas celle d’un homme qu’il laisserait faire, seul, en roue libre, fut-il aussi caricatural que Gérald Darmanin. 

Alors oui, nous, parti écologiste, élu•es de la République tout comme une grande partie nous faisons notre devoir. Nous témoignons de ces manquements et nous proposons un autre chemin. 

Et alors, dernière étape de leur dérive mortifère, que font-ils et elles ? Ils et elles décrètent que celles et ceux qui ne sont pas d’accord ne sont pas dans le champ républicain. 

Et désormais ils passent encore un cap en allant au bout de cette dérive : ils interdisent. Et prévoient de dissoudre “les Soulèvements de la Terre”.

Attenter à la liberté d’association, en démocratie, n’est pas une mince affaire. Ce n’est pas léger.

Cela ne peut être utilisé comme une simple diversion politique : après les lacrymos, l’écran de fumée.

Je vais vous faire une confidence. Depuis des semaines, on me demande parfois, “mais toi, les Soulèvements de la terre, tu en fais partie” ? Je n’ai jamais trop su, jusqu’à hier, quoi répondre à cette question qui ne se posait pas de cette manière. Les Soulèvements de la terre, c’est un collectif informel. On n’y adhère pas. On n’en est pas membre. On peut participer à des actions, et comme en octobre, déjà à Sainte-Soline, c’est ce que j’ai fait le week-end dernier, avec beaucoup d’autres.

Depuis que le gouvernement essaie de les dissoudre, je sais par contre désormais quoi répondre. Car cela a créé un gros élan de soutien et des dizaines de personnes, avec Adèle Haenel, Cyril Dion et beaucoup d’autres, des factieux et factieuses, aussi, nous avons signé cette tribune de soutien pour dire, chacun•e : oui je suis, oui nous sommes les Soulèvements de la Terre. Nous nous soulevons. Pour la terre. Et ils ne pourront pas nous empêcher.

Parce que c’est quoi, les Soulèvements de la terre ?  Des associatifs, des politiques, des fermes, des collectifs plus ou moins structurés. Comment dissoudre des structures qui travaillent ensemble? Vont-ils dissoudre chacune de ces structures ? Bassine non merci ? Et après quoi, la Confédération paysanne ? Et après quoi, EELV ? Ça ira jusqu’où ? 

Cela fait quelques mois qu’avec le mouvement associatif, nous alertons, comme nous le faisions déjà pendant son examen, sur l’application de la loi séparatisme pour faire taire des associations écologistes, proposer de dissoudre un collectif, plutôt que lui intenter une action en justice, ce qu’ils et elles pourraient faire s’ils/elles pensaient qu’ils/elles avaient violé la loi. Tout cela a des conséquences graves.

Tout comme il est extrêmement inquiétant que le ministre de l’Intérieur nous qualifie régulièrement “d’éco-terroristes”. Les mots ont un sens. Et quand il dit cela, il fait de nous une cible. Il le sait. Et il continue.

Cela fait monter la défiance et la violence à notre égard. Cela fait le lit du Rassemblement National. Cela rabaisse le débat public. Alors même qu’il y a un immense appétit de débat et de démocratie dans ce pays.

Il a fait de l’écologie, de toute l’écologie, un bouc-émissaire pour des gens qui sont dangereux.

Et cela a une conséquence directe : des faits graves, partout sur le territoire.

Gérald Darmanin a contribué à faire monter une violence envers les écologistes dans le pays qui atteint un point culminant.

En février, Paul François, l’agriculteur qui a fait condamner Monsanto, a été violemment agressé à son domicile. Capturé, ficelé, étranglé, menacé avec un couteau sous la gorge, ils ont tenté de le forcer à avaler un liquide. 

Cette semaine, la journaliste Morgan Lange, qui enquête sur l’agrobusiness, a fait l’objet d’une deuxième tentative de meurtre. 

La Présidente de Sea Shepherd s’est retrouvée deux fois avec des pêcheurs dans son jardin, venus l’intimider, à quelques jours d’écart. 

Cette semaine, plus de 300 fusées de détresse ont également été tirées contre le bâtiment de l’Office français de la biodiversité à Brest. 

Et j’ai dû, en début de semaine, effectuer mon déplacement dans le Lot-et-Garonne sous protection policière suite à des menaces du Président de la chambre d’agriculture très contesté pour ses méthodes et sa gestion mais pourtant toujours en place. Un Président de la chambre d’agriculture condamné plusieurs fois mais qui s’en fout. Un Président de la chambre d’agriculture qui terrorise sur place les élu•es, agriculteurs et agricultrices, et les représentant•es de l’Etat et des forces de l’ordre.

Je tiens d’ailleurs à remercier très sincèrement les militant•es locaux et locales qui ont tenu bon dans un sang froid et une détermination exemplaires. Sans elles et eux, cet individu dangereux aurait gagné et la République aurait reculé.

Nous sommes en France. En 2023. Nous recevons chaque jour des messages de militant•es, qu’ils et elles soient politiques ou associatifs, qui nous font état de recrudescence de menaces à leur égard sur le territoire.

Nous sommes non violent•es mais déterminé•es à continuer à nous battre pour l’habitabilité de la planète. 

Et Europe Écologie Les Verts souhaite échanger en urgence avec la Première Ministre à ce sujet.


Le parti a donc sollicité un rendez-vous en urgence auprès de la Première Ministre pour discuter de l’urgence à apaiser le climat social et politique.

Car à ce sujet, pour l’instant, ils et elles sont assez silencieux•ses.

Elle se tait, ils se taisent, car en réalité, ces violences servent de diversion pour cacher leur impuissance et leur indigence.

Impuissance lorsque par exemple Renaissance et les autres partis de la majorité présidentielle refusent d’interdire les nitrites alors que la science a largement démontré, comme le reconnaît l’OMS, qu’ils sont à l’origine de plusieurs milliers de morts par an. Les lobbys au dessus de la science, le confort de quelques un•es au dessus de notre santé. Tels sont leurs choix. 

Non Emmanuel Macron et son gouvernement ne préparent pas l’avenir. En refusant d’entendre réellement les scientifiques, ils et elles nous préparent des changements irréversibles. 

Ils et elles nous proposent un plan Eau qui s’adresse aux conséquences de la pénurie mais pas aux causes. Qui ne nous prépare en rien aux décennies à venir et qui, en réalité, sera totalement obsolète dans un an.

Et dans la même semaine, le gouvernement annonce vouloir revenir sur l’interdiction du S-métolachlore qui est un pesticide dont la preuve est faite qu’il pollue les nappes phréatiques !

Marc Fesneau, parce qu’il faut le nommer, le même ministre qui m’avait expliqué comment faire pousser une tomate, celui qui défend jusqu’à l’absurde les bassines et ne fait rien contre le barrage illégal de Caussade, annonce au congrès de la FNSEA que le gouvernement ne respectera pas la recommandation de l’ANSES. Sans doute encore un signe du génie de ce gouvernement.

Ce gouvernement annonce aussi que l’interdiction de la pêche de fond dans les Aires marines protégées ne s’appliquera pas en France. 

Ils font passer une loi sur le nucléaire en faisant tout à l’envers : vote de la loi avant la loi de programmation. Pire, vote de la loi avant la fin de la consultation publique ! 

Nous leur avons proposé un vrai débat, et de donner le pouvoir aux citoyen•nes, car la démocratie directe est une solution face à ce type de blocage. De quoi ont-ils et elles peur alors qu’une majorité de français•es se déclarent favorables au nucléaire ? Et pourtant, fin de non recevoir. La meilleure fable du nucléaire continue dans le monde merveilleux.

Oui Emmanuel Macron abîme la France. 

Alors comment sortir de cette crise alors que les violences se multiplient et que la menace d’une arrivée au pouvoir de l’extrême droite n’a jamais été aussi forte ?

Tout le monde semble chercher la “sortie de crise”. 

En politique, en démocratie, quand c’est bloqué, la solution est simple : le président doit faire ce qu’il se refuse à faire depuis des mois : par le peuple et pour le peuple ; écouter le peuple, écouter les corps intermédiaires, écouter les représentant•es du peuple.

Ils et elles viennent de le faire sur le SNU qui devait être obligatoire pour toutes et tous et finalement ne le sera pas. Le monde ne s’est pas effondré. 

Ils et elles doivent écouter les syndicats : ils et elles en auront l’occasion en recevant l’intersyndicale cette semaine à Matignon. 

Le gouvernement doit retirer son texte 

Mais ils peuvent et doivent aussi écouter le peuple : nos parlementaires ont proposé un référendum d’initiatives partagées. Lorsque le Conseil constitutionnel aura approuvé ce RIP, nous serons sur le pont nous, écologistes, pour donner ce pouvoir au peuple. Nous irons recueillir les 4,9 millions de signatures nécessaires pour arracher un vote. Nous montrerons que l’appétit de démocratie dans notre pays peut trouver un débouché.

Et nous allons continuer aussi à le faire avec les Etats généraux de l’écologie, que rien n’arrêtera.

Face à cette majorité qui fracture, nous, écologistes, allons rassembler. 

Face à ce président qui abîme, nous écologistes allons faire ce que nous savons faire : réparer. 

Face au brouillage des valeurs qu’ils nous imposent, nous serons toujours clair•es : nous sommes républicain•es, nous sommes non violent•es, nous sommes lucides sur les faits établis par la science, nous sommes attaché•es à la justice sociale et nous sommes ambitieux et ambitieuses pour notre pays, pour notre planète. 

Car oui, un autre chemin est possible. Notre responsabilité est immense.
Alors nous le faisons à notre manière dans ce qu’on a appelé la refondation : nous faisons confiance. Ce processus inédit, nous le portons,  vous le portez désormais partout sur le territoire. C’est en s’ouvrant, en accueillant, en écoutant qu’on peut réouvrir des possibles, ce n’est jamais en se refermant. 

C’est en nous ouvrant que nous serons plus, plus nombreux•ses et plus fort•es. C’est le chemin pour être 1 million à la fin du mandat actuel. Notre rôle aujourd’hui c’est de faire masse pour gagner les élections. Car la transition écologique a besoin des écologistes à la tête de l’Etat. 

Nous sommes légitimes, l’immense défi climatique et social qui nous fait face  implique de rassembler et de convaincre pour gagner les élections car les changements qui sont à mener vont nécessiter une légitimité politique inédite. C’est notre ambition.

Nous allons continuer de faire, nous allons continuer de dire, nous allons continuer d’aller partout, nous serons accueilli•es partout, et nous écrirons  l’avenir de l’écologie, l’avenir de notre démocratie, l’avenir de notre pays. 

Merci les copains et copines, merci pour tout. On continue !

Seul le prononcé fait foi
Marine Tondelier le samedi 1er avril 2023
Paris