​​On dit parfois qu’il n’y a pas de hasards, qu’il n’y a que des rendez-vous.

C’est le cas aujourd’hui !

Après avoir décalé de quelques jours pour nous adapter au calendrier social de la mobilisation des retraites, nous nous retrouvons pour lancer les tant attendus états généraux de l’écologie ce 9 janvier 2023.

Noël Mamère vous l’a dit à l’instant, il se trouve qu’aujourd’hui même, nous commémorons les 100 ans de la naissance d’André Gorz, dont la pensée, je le sais, a été importante pour le cheminement écologiste de beaucoup d’entre vous, présents ici ce matin. Je remercie Christophe Fourel pour le bel hommage qui vient de lui être rendu.

Critique du capitalisme et de la société de consommation, émancipation et autonomie de l’individu, place du travail dans la vie sociale, convivialisme, il faisait de l’écologie politique avant la lettre et sa pensée reste très actuelle. 

C’est sa mémoire, et celle des autres précurseurs et précurseuses de l’écologie, que nous mettons à l’honneur aujourd’hui en ouvrant une nouvelle page de notre histoire.

C’est pour cela que nous nous retrouvons sur une péniche, à quelques pas de là où se situait celle sur laquelle René Dumont annonçait en 1974 sa candidature à l’élection présidentielle.

Pour la petite histoire, sa candidature n’était pas exactement la PREMIERE candidature écologiste, puisque le 4 mars 1973, lors des législatives dans le Haut-Rhin, l’ornithologue Henri Jenn ouvrait la voie en défendant le premier « bulletin vert ». Solange Fernex, sa suppléante, mènera la liste écologiste aux premières élections européennes en 1979. Je serai en Alsace le mois prochain pour leur rendre hommage, en présence d’Henri Jenn qui a aujourd’hui 82 ans.

Nous pensons évidemment très fort à elles et à eux tous aujourd’hui. Vous le savez, ils et elles continuent d’accompagner nos combats écologistes et à nous donner beaucoup de force.

Mais pourquoi sommes-nous là aujourd’hui ? 

Depuis un an, nous faisons face, en tant qu’écologistes, à trois faits politiques majeurs en France : 

Premièrement, l’évolution du constat scientifique qui nous dit que le changement climatique s’accélère, assez massivement.  Nous sommes en train de franchir une à une toutes les limites planétaires, les glaciers fondent 100 fois plus vite que prévu,  es espèces disparaissent à un rythme alarmant et ne sommes pas en mesure de garantir aux enfants qui naîtront en 2023 que la planète sera encore habitable pour leurs 30 ans.  

Deuxième constat : sans surprise malheureusement, la France devient un pays de plus en plus dur tant démocratiquement que socialement. Ecologie ou Barbarie aurait dit André Gorz. Résolument, nous réaffirmons notre choix de l’écologie.

Troisième constat, nous, écologistes, avons collectivement échoué lors de la séquence électorale nationale de 2022 à apporter le changement dont le pays avait besoin, alors même que la conscience écologique n’a jamais été aussi élevée. 

Alors nous nous remettons en question, avec lucidité et humilité, mais aussi avec beaucoup de conviction et de détermination.

Depuis le mois de juin, nous avons réfléchi aux raisons de cet échec et à ce que nous devrions changer. Et croyez-moi ou pas, on a listé beaucoup de choses !

Je l’avais dit lors de mon 1er discours de Secrétaire nationale à Rungis et je le redis : quand un peuple est mécontent de ses dirigeants ce n’est pas le peuple qu’on change ce sont les dirigeants. 

Chez EELV, nous appliquons cet adage à notre parti, donc nous avons décidé de changer. Donc nous allons changer.

Et ce mandat nous a été donné très clairement par nos adhérents à l’occasion de notre congrès de décembre dernier : refonder un nouveau grand mouvement de l’écologie politique, en se fixant comme objectif d’être 1 million d’ici la fin du mandat.

La clé pour changer un parti politique ce n’est évidemment pas de changer le nom ou les statuts. L’UMP devenant Les Républicains, ou le Front National devenant le Rassemblement National, ça ne change rien, c’est juste l’illustration de la fameuse phrase du prince de Lampedusa dans le Guépard : Tout changer pour que rien ne change.

Alors comment on change VRAIMENT un parti ?

Et bien on le construit avec d’autres personnes. 

On réfléchit ensemble à qui devrait être là et n’y est pas (encore). Et on construit un nouveau mouvement, non pas comme nous on voudrait, nous, qu’il soit (car nous nous sommes déjà là), mais comme elles et eux s’y sentiraient bien et auraient envie d’y venir.

Et ça veut dire leur poser directement la question, se mettre en risque, et leur confier la co-responsabilité du processus.

C’est là que la méthodologie proposée par les expériences de démocratie participative, de concertation citoyenne, que nous avons étudiées et portons localement dans beaucoup de territoires, est utile et même précieuse.

Et nous nous sommes donc appuyés sur celles et ceux qui ont cette compétence chez nous. 

Et il y en a beaucoup car je vais vous confier un secret : le dépassement et l’ouverture c’est en fait LA recette des victoires écologistes des municipales de 2020. 

Des méthodes de concertation qui ont permis aux écologistes de se dépasser et de construire des listes et des projets avec des citoyens motivés et des collectifs engagés. 

Nous voulons appliquer la recette de la victoire aux municipales de 2020 à l’ensemble de notre parti : nous dépasser et construire avec

Celle avec laquelle nous réfléchissons à ce processus depuis des mois et qui en est aujourd’hui l’animatrice et la garante, c’est Léonore Moncond’huy maire de Poitiers. Elle a fait l’expérience de la démocratie ouverte pour gagner. Et y a depuis recours pour transformer sa ville. Charles Fournier, qui a également beaucoup travaillé ce sujet et cette méthode en région Centre Val de Loire, nous accompagne également.

Je les en remercie infiniment

Nous sommes également accompagnés par un prestataire spécialiste, et nous nous appuierons aussi sur l’expertise en matière d’ouverture et de collaboration de l’association Démocratie ouverte qui a accepté d’être partie prenante du processus.

Mais ce processus, à qui s’adresse-t’il ?

A ce que le regretté Bruno Latour, qui nous a quittés il y a 4 mois et à qui nous pensons très fort aujourd’hui, a appelé la classe écologique. Et qu’il présentait comme potentiellement majoritaire dans le pays mais dont il regrettait qu’elle ne soit pas consciente et donc pas fière d’elle-même,  et encore moins fédérée ou structurée.

Dans son mémo sur la nouvelle classe écologique, paru il y a pile un an en janvier 2022, il s’adressait aux dirigeants écologiques en leur proposant ce défi.

Nous le relevons aujourd’hui, conscients que si nous ne le faisons pas, personne ne le fera à notre place !

Notre démarche s’adresse donc, je dirais, à toutes celles et ceux qui constituent « le peuple de l’écologie », à toutes celles et ceux en qui vit l’écologie. Qu’ils soient des électeurs d’un jour ou de toujours ou ne votent plus du tout, qu’ils le soient par conviction ou par éco-anxiété, qu’ils soient déjà à l’action ou pas encore.

On le dit on ne peut plus clairement : venez comme vous êtes !

Dites-nous ce que vous voulez ! Et faisons le ensemble. Mais n’oubliez pas, il n’y a pas de hasards, que des rendez-vous.

Et en 2023, nous, écologistes, avons rendez-vous avec notre histoire, avec le vivant et avec nos prochaines victoires.

Rendez-vous sur https://lesecologistes.fr

Marine Tondelier
Seul le prononcé fait foi