Le Premier Ministre Édouard Philippe a annoncé ce jour à l’Assemblée Nationale une série de mesures devant accompagner le déconfinement.

Si nous pouvons nous réjouir du report de la mise de l’application Stop-Covid dont l’efficacité restait douteuse et l’impact sur les libertés publiques problématique, si la prise en compte de la diversité de situation des territoires nous semble plutôt pertinente, les écologistes souhaitent néanmoins souligner plusieurs points d’inquiétude.

La réouverture des écoles le 11 mai, alors même que le Conseil Scientifique a fait savoir qu’il y était défavorable, soulève des interrogations. Bien que progressive, cette rentrée prématurée semble répondre d’abord  à des besoins économiques avant de répondre à des besoins pédagogiques et sanitaires. Au lieu du volontariat, caractéristique d’une vision très libérale de l’école, l’accueil des élèves devrait reposer sur des critères éducatifs et sociaux, et tous les moyens devraient être mis en œuvre pour contacter et accueillir en priorité les élèves décrochés, ne disposant pas de l’environnement nécessaire à un enseignement à distance, et les élèves les plus en difficultés qui ont un  énorme besoin d’école réelle, de la maternelle au lycée.

L’autre point aveugle du discours du Premier Ministre est l’absence totale de réponse sociale aux difficultés des français.ses. Alors que nous ne sommes pas encore sortis du confinement lié à la crise sanitaire du Covid 19, les statistiques relatives au marché du travail qui viennent d’être publiées montrent pourtant une dégradation spectaculaire de la situation. Les effectifs relevant de la catégorie A se sont accrus de 246 000 (soit + 7,1 %), au mois de mars, pour s’établir à 3 732 500. Une explosion sans précédent depuis 1996 et qui concerne toutes les tranches d’âge. 

Dans les villes à travers tout le pays, les maires et les associations pallient les “oublis” de l’État en fournissant paniers repas ou chèque alimentaires à une population qui n’a plus, du fait du confinement, les moyens de subvenir à son alimentation. Des dizaines de milliers de familles ne peuvent plus se nourrir ou nourrir leurs enfants et la crise qui guette en sortie de confinement ne laisse pas entrevoir d’embellie pour les plus paupérisés. L’État doit prendre ses responsabilités, et nous appelons plus que jamais, à la mise en place d’une Allocation Universelle d’Urgence pour venir en aide aux plus vulnérables.

Enfin dernier point d’inquiétude, le Premier Ministre annonce que les  mesures d’indemnisation de l’activité partielle vont être “adaptées progressivement” à partir du 1er juin. Nous ne pouvons qu’appeler à la prolongation du niveau d’indemnisation actuel, qui facilite le recours au dispositif et permet d’éviter des licenciements dans des entreprises ou établissements fragilisés par les conséquences économiques de la crise sanitaire, et qui assure une rémunération décente aux salarié.es touché.es par le chômage partiel.

La réponse à cette explosion des inégalités, que la crise ne fait pas naître mais contribue à exacerber, ne pourra être que systémique. Si un premier volet de réponses doit se faire dans des logiques de court terme, à long terme et pour le jour d’après, c’est toute la société qui doit changer. Sans mesures écologistes d’ampleur, sans transition écologique de l’économie, il n’y aura ni reprise durable ni créations d’emplois nécessaires. Dans cette période de crise sanitaire, les écologistes seront toujours force de propositions : priorité à la santé, aux réponses sociales et à la reconstruction d’une économie soutenable.