Europe Écologie Les Verts appelle à ne pas considérer les indicateurs Covid (mortalité, taux d’hospitalisation, taux d’incidence, taux de positivité, etc) comme les seuls pertinents pour suivre “l’état de santé” de notre société.

De nombreuses métropoles françaises ont vu leurs lieux de vie et de loisirs fermer ou leurs accès restreints. Dans les territoires en “alerte maximale”, cela va plus loin, avec la fermeture totale des bars, des piscines, des salles de sport, ainsi que la limitation des rassemblements à 10 personnes. Un confinement qui ne dit pas son nom. Les conséquences économiques seront dramatiques pour ces établissements qui avaient réussi à survivre au Grand Confinement. Et la pratique sportive qui se voit fortement limitée est pourtant essentielle à la santé. De nombreuses classes ont été ou sont encore fermées, privant des enfants d’éducation, voire de repas de midi pour certains, sans considération pour les inégalités entre les familles engendrées par ces fermetures. De plus, d’après un rapport de la Banque Mondiale, entre 88 et 115 millions de personnes ont basculé dans l’extrême pauvreté à travers le monde depuis l’apparition de la pandémie. En France, les services hospitaliers sélectionnent certains patients aux urgences et l’AP-HP déprogramme 20 % d’opérations chirurgicales jugées “non essentielles” afin de privilégier les patient·e·s Covid. La couverture vaccinale diminue pour le vaccin rougeole-oreillons-rubéole du fait de la fermeture de nombreuses PMI durant le confinement et d’un retard à la consultation des familles. 

La priorisation quasi-exclusive donnée au coronavirus ne doit pas remettre en cause l’égalité devant l’accès aux soins ni occulter les autres pathologies et les patient.e.s non Covid qui ont, eux aussi, besoin et droit aux soins et à la prévention. 

Malgré un Ségur de la Santé annoncé en grande pompe, les accords signés le 13 juillet dernier ne répondent pas à la sous-valorisation des métiers de l’hôpital et n’apportent pas de solutions aux sous-effectifs chroniques. Nous payons aujourd’hui le sous-investissement de notre système de santé.

Le débordement des capacités d’accueil est donc quasiment inévitable puisque structurel, d’autant que l’insatisfaction du personnel suite au Ségur de la Santé, ainsi que son épuisement après ces long mois de lutte contre l’épidémie, ne permettra pas le même engagement qu’au mois de mars. 

Enfin, il ne faut pas sous-estimer les dommages collatéraux et les conséquences psychologiques, sociales, sanitaires et économiques qu’un reconfinement pourrait causer. 

C’est pourquoi Europe Écologie Les Verts demande que :

  • Soient prises en compte les conséquences “non-Covid” (économiques, sociales, pédagogiques, en termes d’inégalités, de violences, de liberté et de démocratie) sur la société dans son ensemble dans chacune des décisions prises pour faire face à la COVID-19 ;
  • L’évaluation de la stratégie de confinement (générale ou ciblée) se fasse au regard des conséquences globales sur la société, en particulier sur les personnes les plus vulnérables et précaires ;
  • Soient adoptés des niveaux de protection ciblés selon les personnes et l’environnement. L’intensité des mesures doit être proportionnelle et adaptée au risque de chacun : il s’agit du principe d’universalisme proportionné qui doit éclairer toutes décisions de santé publique ;
  • Afin d’anticiper de futures épidémies ou de prochaines crises sanitaires (canicule, événement météorologique extrême, attentat…), l’embauche de personnel hospitalier, une revalorisation des salaires du personnel soignant et la création de salles de réanimation supplémentaires pour faire face à l’afflux attendu de patient·e·s sans prélever les ressources nécessaires en réanimation aux autres services hospitaliers constituent une priorité ;
  • À terme, l’État opère une refonte totale de notre système hospitalier et de santé publique afin de faire face aux afflux épidémiques infectieux ou non infectieux comme l’épidémie de maladies chroniques, de cancers et de maladies cardio-vasculaires, qui constituent les principales causes de mortalité des Français et Françaises et dont certaines sont évitables par la prévention et la réduction des risques.

Pour EELV, l’objectif d’une politique de santé publique efficace est d’être acceptable sur le long terme afin de protéger les plus fragiles, sans pour autant mettre en péril  la population et la société dans leur ensemble.

Éva Sas et Alain Coulombel, porte-paroles
La Commission Santé d’EELV