Le président de la République a annoncé mercredi soir un re-confinement de la population française, et ce à minima jusqu’au 2 décembre 2020. À la grande différence de ce que nous avons pu vivre au printemps dernier, les écoles, collèges et lycées seront maintenus ouverts et sont supposés fonctionner normalement pour les élèves avec quelques aménagements : masque dès 6 ans, limitation des déplacements, non brassage des élèves.

La crise sanitaire ne doit pas faire oublier les besoins primordiaux des enfants : EELV souligne l’importance de la continuité dans les apprentissages scolaires, de relations sociales et affectives. Le distanciel aggrave les inégalités sociales comme l’a prouvé la phase précédente de confinement/déconfinement.

Pour assurer leurs missions, les personnels de l’Éducation nationale et, au premier chef, les enseignant.es, se retrouvent en première ligne alors que certains.es font partie des populations à risque. Ils sont en droit de se questionner sur la prise en compte de leurs conditions de travail et les impacts induits sur leur santé. Or, depuis cet été, à part la rédaction d’un protocole à tiroir, hors-sol et sans moyens, rien n’a été fait pour anticiper la seconde vague.  Nous avons pourtant alerté, depuis mai, sur le manque de distanciation dans les  classes, ou les sanitaires , sur l’aération des locaux parfois impossible ou très limitée, sur le personnel d’entretien insuffisant et mal protégé. Pourtant, aucune réflexion sérieuse n’a été menée depuis pour trouver des solutions d’urgence liées à la lutte contre la Covid-19 et anticiper, avec les collectivités locales, cette deuxième vague.

Qu’en est-il de la réquisition de locaux pour les transformer en salle de cours ? D’une concertation sur une éventuelle adaptation des programmes ? Quid de la réflexion pour pallier l’absence des agent.es malades ou réfléchir à un allègement des effectifs par classe ? Rien n’est prévu non plus pour garantir la sécurité des enseignant.es et élèves des classes adaptées, alors même que les consignes de distanciation sociale y sont inapplicables.

L’Éducation nationale à l’heure de Jean-Michel Blanquer, ce sont des injonctions contradictoires, l’absence de considération pour les conditions de travail des enseignants, la sous-traitance aux collectivités locales des adaptations nécessaires et urgentes. 

La cacophonie qui règne depuis vendredi est symptomatique de ces travers, tant pour ce qui est de la mise en place du protocole sanitaire que de l’hommage à Samuel Paty qui se retrouve finalement réduit à la portion congrue par le ministère. Il est anormal que les enseignant.es ne disposent pas d’un moment collectif pour échanger entre eux sur l’assassinat d’un des leurs avant de reprendre la classe. La lecture et l’hommage officiel, s’ils sont nécessaires, ne remplaceront pas l’indispensable travail d’écoute et de réflexion pédagogique, qui ne s’improvise pas. 

Les enseignant.es seront pourtant fidèles au poste, porté.es par leur professionnalisme, assumant avec constance leurs missions auprès de leurs élèves. Soutenons-les comme les autres personnels en première ligne, pour des conditions de travail dignes, la reconnaissance des risques pris dans un cadre professionnel en pleine pandémie, alors que si peu de moyens sont mis en place pour les aider à remplir leurs missions.

EELV appelle les municipalités, les départements et les régions à prendre en compte la nécessaire augmentation des personnels dédiés à l’application de conditions sanitaires requises dans les établissements scolaires, et ce alors même que ces personnels ont déjà fortement été sollicités.

EELV rappelle que le temps était disponible pour réfléchir à cette seconde vague et aux dispositions en terme de salles, d’effectifs élèves, enseignant.es, personnels techniques et en terme de programme. Que la communication descendante  et contradictoire de dernière minute à travers les médias ne peut générer que de l’incompréhension et des difficultés pour les personnels et les parents.

EELV souhaite, enfin, que l’Éducation nationale soit en appui de solutions locales, proposées par les équipes éducatives qui connaissent le mieux les élèves. L’objectif est de leur permettre le plein exercice de la liberté d’expression, d’opinion, le respect de la laïcité et des valeurs qu’elle porte.

Alain Coulombel et Éva Sas, porte-paroles
La Commission Enfance – Education – Formation d’EELV