L’ensemble des soignant•e•s sont engagé·e·s dans un combat contre l’épidémie pendant que les associations œuvrant en faveur des publics les plus démunis et de très nombreuses collectivités locales sont mobilisées pour éviter que la crise sanitaire s’ajoute à la crise sociale. Les Centres communaux d’action sociale (CCAS) sont en première ligne pour distribuer les repas et maintenir le lien avec les personnes isolées.

Cette crise prouve, une fois de plus, qu’un service public solide et un système de santé robuste sont indispensables à une société résiliente, face aux crises sanitaires et climatiques. Le système actuel reposant essentiellement sur des associations et des bénévoles, souvent âgés, montre aujourd’hui sa fragilité.

La pandémie et les mesures de confinement viennent aggraver les difficultés rencontrées au quotidien par les personnes les plus fragiles et les rendent particulièrement vulnérables : non- accès à l’eau et promiscuité subie pour les personnes vivant en bidonville ou en squat, fermeture de certains accueils de jour où les sans domicile fixe peuvent se laver, se réchauffer et se détendre, aucun confinement possible pour une personne à la rue…

Après l’annonce de la prolongation de la trêve hivernale, le Ministère du logement est prêt à ouvrir de nouvelles places d’hébergement. Cette mesure est indispensable mais pas suffisante face à la crise. Elle doit s’accompagner des mesures suivantes, demandées par les associations du collectif Alerte, permettant de mobiliser les équipes et les locaux nécessaires :

  • Garantir sur l’ensemble du territoire le déploiement de nouveaux hébergements en mobilisant, par exemple, les chambres inoccupées du parc hôtelier ou d’internat et de centres de formation vides à ce jour. Ces ouvertures doivent être très rapides, permettre les distances barrières et être en nombre suffisant pour que plus aucune personne ne reste à la rue, sans hygiène.
  • Soutenir les collectivités et les associations dans le travail réalisé pour garantir l’accès à l’eau, le maintien des maraudes sociales et la mobilisation de locaux publics pour la mise à l’abri. 
  • La mise en place de tickets-service aux SDF, comme proposé par la Fondation Abbé Pierre, afin de palier la diminution des aides alimentaires.
  • Assurer le soutien et la protection des personnes agissant sur le terrain auprès des plus vulnérables : organiser des gardes d’enfants pour les personnels indispensables du secteur de la veille sociale et de l’hébergement et fournir des masques et du gel hydroalcoolique.
  • Libérer les personnes aujourd’hui enfermées en centre de rétention administrative, qui vivent dans des conditions où une épidémie pourrait être dramatique. Des propositions d’hébergement adaptées doivent leur être faites. 
  • Anticiper une future rupture sociale en votant, dès le prochain projet de loi de finances rectificative, un fonds d’aide à la quittance afin d’éviter que des personnes subissant une baisse de revenu ne se retrouvent en procédure d’expulsion. 

Il est indispensable de garantir à chacun et chacune une protection. Pour cela, la solidarité et l’unité sont indispensables. Nous pouvons donc être fièr•e•s et reconnaissant•e•s envers toutes les personnes mobilisées, que cela soit dans le cadre de leur travail ou en tant que bénévole, pour faire face à l’épidémie. Cependant, cela ne peut dédouaner l’État de ses responsabilités, qui sont de garantir la protection de ces personnes qui sont notre rempart contre la maladie et de déployer les moyens suffisants pour garantir la sécurité sanitaire de toute personne présente sur le sol français, et notamment un toit.