6. Un nouvel art de vivre au temps de l’Anthropocène

« La machine infernale d’une croissance économique aveuglément quantitative, sans souci des incidences humaines et écologiques, et placée sous l’égide exclusive de l’économie de profit et du néolibéralisme, doit laisser place à un nouveau type de développement qualitatif, réhabilitant la singularité et la complexité des objets du désir humain. »
Félix Guattari

 

Se diriger vers une société post-croissance ne saurait se limiter à favoriser la transition écologique de l’économie. Il faut aussi changer de logique sociale et de système de valeurs, qui enferment les gens dans le consumérisme, le « toujours plus », les effets délétères de la compétition et la recherche de la puissance.

Nous souhaitons sortir du modèle de développement tourné vers le profit, l’accumulation illimitée et la multiplication des besoins matériels inutiles, et donc nous tourner vers d’autres modalités du vivre-ensemble, vers un nouvel art de vivre. « Il nous faut faire, déclare Patrick Viveret, de la question de l’art de vivre et de la sagesse un enjeu politique et pas seulement individuel. » Sagesse fondée sur l’attention à autrui et à soi-même, sur la sobriété volontaire, sur la simplicité et la fragilité, sur le refus de la violence et du pouvoir. Nous voulons en finir avec cette foi quasi religieuse dans le progrès ; nous voulons en finir avec la manipulation du vivant ; nous devons réapprendre la nature, élargir les espaces de la gratuité, réinvestir le temps long et redécouvrir les vertus de la lenteur. La période que nous traversons peut être aussi, comme toutes les périodes de transition, l’occasion d’un saut qualitatif qui nous permette de sortir de l’économisme et de réinventer une société bienveillante.

De nombreuses expériences à travers le monde cherchent à décliner ce nouvel art de vivre : réseau des villes lentes ou des villes en transition, slow food, slow science, slow management… Nos politiques publiques doivent renforcer, mutualiser, soutenir ces initiatives qui sont des « petites pierres » vers une société de confiance.

 LA PUBLICITÉ REMISE À SA PLACE :

S’attaquer au consumérisme et à la société du spectacle.

Le rôle de la publicité a toujours été critiqué par les écologistes. Le plus souvent, elle prône la surconsommation, l’individualisme, l’immédiateté, l’apparence ou le gaspillage.

Sur la forme, elle s’impose à nous, s’incruste dans tous les aspects de la vie collective et pervertit le fonctionnement démocratique. Bien au-delà des enjeux environnementaux liés au modèle productiviste, la publicité  façonne des pans entiers de notre société, de la femme objet au culte de la vitesse et de l’apparence, en passant par un déséquilibre entre l’intérêt général et les Lobbies.

Les écologistes proposent :

  • la diminution drastique des formats et densités de l’affichage publicitaire par la révision complète du Code de l’environnement sur ce sujet ;
  • l’obligation de recueillir le consentement explicite préalable des individus pour la distribution de prospectus (autocollant sur la boîte aux lettres), pour la création de cookies lors de la navigation sur Internet, pour le démarchage téléphonique et pour l’envoi de messages sur les téléphones portables ou par courrier électronique ;
    • l’indépendance et la neutralité des services publics : le financement de services publics par la publicité est une aberration. Sous couvert de gratuité, elle abuse les élus pour proposer toujours plus de services en échange d’espaces de diffusion.
    • la suppression totale de la publicité sur le service public de l’audiovisuel.
    • l’interdiction de la publicité dans et autour des établissements scolaires ainsi que du bâchage par des marques privées des bâtiments publics ou des monuments.
    • l’interdiction de la publicité aux alcooliers et marques de tabac, actions de prévention santé, notamment auprès des publics jeunes et des femmes enceintes.
    • la réduction drastique de l’affichage publicitaire dans les transports en commun;
    • l’encadrement des procédés publicitaires (écoblanchiment, stéréotypes sexistes, marchandisation du corps…)et la création d’une autorité indépendante chargée de la régulation pour tous les supports composée de représentants de l’État, des ONG, des associations de consommateurs, des professionnels du secteur ;
  • la prévention des internautes lorsqu’il y a collecte et conservation de données personnelles. Traçabilité de l’utilisation qui est faite des données.