Sixième partie : Vers un monde de paix et de justice sociale et environnementale

En ce début du XXIe siècle, le monde est caractérisé par de grands bouleversements géopolitiques, qui brouillent les repères et accroissent les incertitudes. Ils résultent d’abord de la disparition du monde bipolaire issu de la Guerre froide, auquel a succédé une période centrée sur l’hyperpuissance américaine, elle-même bousculée depuis la fin des années 1990 par l’ascension des puissances émergentes (les Brics : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), annonçant un nouvel ordre multipolaire. En plus des États, il faut aussi compter avec le poids croissant d’autres acteurs comme les organisations internationales, les organisations non gouvernementales, les collectivités locales et les firmes transnationales.

Mais on constate aussi un foisonnement de mouvements sociaux et citoyens qui se battent pour une société plus juste, pour plus de liberté et une démocratie réelle. Tous ces mouvements au Nord et au Sud remettent en question la marchandisation des échanges, la déréglementation généralisée, l’inégalité de la répartition des richesses et la destruction de l’environnement. La fin du « gendarme » unique, la multiplicité des acteurs, la multiplication de nouveaux foyers de conflits se superposant à d’anciens non réglés minent encore un peu plus la crédibilité des institutions internationales et des États. C’est le terreau sur lequel se développe la violence armée.

Ces bouleversements s’accompagnent d’une quadruple crise : environnementale, économique, sociale et démocratique. Réchauffement climatique, fin des énergies fossiles, pollutions, captation et raréfaction des ressources naturelles, accélérées par la mondialisation, nous obligent encore davantage à une réflexion transnationale. Les exemples foisonnent : délocalisations industrielles, exportations agricoles, imposition des politiques d’immigration du Nord sur « les Suds », jonction des mouvements djihadistes, etc.

Dans cette période de chaos, le capitalisme financier ultralibéral et ses fonds divers spéculent à tout-va, déstabilisant pays ou secteurs entiers, les multinationales intensifient leur course aux matériaux rares, détruisant l’environnement de populations entières. Dans cette guerre économique, les luttes de peuples secouent de nombreuses régions de la planète. Mais la répression, le manque de soutien des pays occidentaux, l’héritage traumatique des guerres du Moyen-Orient, les inégalités et l’extrémisme religieux ont abouti au djihadisme. Sauf exception, les régimes autoritaires se renforcent, dans une compétition féroce pour l’hégémonie régionale. De grandes incertitudes s’installent, notamment parce que de plus en plus d’États pauvres ou en crise sont dépossédés de leur souveraineté économique par les multinationales, mais également de leurs fonctions régaliennes par des groupes et des institutions financières internationaux qui finissent par en faire des États faillis.

Dans ce contexte, la diplomatie française, entre 2012 et 2017, a privilégié des interventions militaires, sans s’attaquer aux causes. Au contraire, elle a favorisé l’économique et le commercial, c’est-à-dire une politique d’exportation pour booster la sacro-sainte croissance : agriculture, gaz de schiste en Algérie, Rafales en Égypte, EPR en Iran, ventes d’armes en arabie Saoudite… Le tout conjugué au soutien de plusieurs dictatures en Afrique ou au Moyen-Orient.

Pourtant, dans les pays du Sud, l’écologie n’apparaît plus comme un luxe de pays riches, mais comme vitale. Leur participation et leur contribution aux COP 21 et 22 l’ont souligné. Ils subissent de plein fouet les maux inhérents au productivisme : industrie extractive, déforestation, sécheresse, exploitation barbare. Et les pires conséquences des émissions de gaz à effet de serre, dont ils sont les moins responsables.

Une autre politique internationale, une autre coopération, une autre diplomatie, une autre défense de la France et de l’Europe dans le monde sont nécessaires pour l’avenir commun des peuples et un projet de société enviable.

 

Sommaire de la sixième partie. Vers un monde de paix et de justice sociale et environnementale

  1. Pour une démocratie globale
  2. Pour une politique mondiale des communs et de la justice sociale et environnementale
  3. Contre le pouvoir prédateur des multinationales
  4. Des agricultures paysannes et une pêche familiale pour nourrir le monde
  5. Coopérer réellement pour le développement
  6. Pour une politique de résolution des conflits par la diplomatie
  7. Pour une planète pacifiée