Mercredi 24 novembre 2021, une embarcation a fait naufrage au large de Calais, dans la Manche. Au total, ce sont 31 êtres humains qui ont perdu la vie, dans l’espoir d’atteindre le Royaume-Uni. La seule réaction du ministre responsable notamment de l’accueil et de l’accompagnement des exilé·e·s a été d’affirmer que “les premiers responsables, ce sont les passeurs.” Comme le rappelait François Gemenne : c’est l’accord migratoire entre le Royaume-Uni et la France qui était “une formidable aubaine pour les passeurs car plus on va rendre le recours aux passeurs absolument indispensable pour ceux qui veulent la traverser, et plus les passeurs vont pouvoir monnayer très cher leurs services. »

Quelques jours plus tôt, le 17 novembre 2021, les bénévoles Anaïs Vogel et Ludovic Holbein, du collectif Faim aux frontières, ainsi que le prêtre Philippe Demeestere, mettaient un terme à trente-huit jours de grève de la faim, trente-huit jours où – devant les violences psychologiques et physiques commises par les autorités à l’encontre des personnes exilées – l’alerte était de nouveau lancée sur la situation inhumaine dans le Calaisis. 

Les écologistes expriment leur tristesse et leur colère face à un énième drame qui aurait dû être évité. Europe Écologie-Les Verts invite, dans un contexte de populisme migratoire et de xénophobie de plus en plus décomplexé, à mettre un terme au naufrage de nos valeurs.

Cette tragédie est loin d’être la première : depuis le 1er janvier 2021, les parcours migratoires à travers la Méditerranée et l’Europe ont fait un décès toutes les quatres heures, trente-quatre minutes et vingt-neuf secondes. L’horreur de cette horloge macabre doit nous alerter : les atteintes aux droits les plus fondamentaux des personnes exilées et les violences policières qui leur sont faites en notre nom sont incompatibles avec l’état de droit.

Dans ces conditions, EÉLV se joint aux demandes des bénévoles de Calais de suspendre les expulsions quotidiennes, dans l’urgence et durant la trêve hivernale. De même, il n’est pas acceptable que les effets personnels et abris de fortune des exilé·e·s leur soient confisqués ou détruits. Les autorités doivent en outre dialoguer sur l’ouverture et la localisation de points de distribution de tous les biens nécessaires au maintien de la santé des personnes exilées avec les citoyen·ne·s et associations impliquées.

Les écologistes invitent les autorités françaises et britanniques à trouver un nouvel accord migratoire focalisé sur la recherche de solutions à la crise de l’accueil des exilé·e·s et de garanties de l’effectivité de leurs droits fondamentaux (non-refoulement pour les demandeur·se·s d’asile, regroupement familial, logement d’abord, droit à la santé, emploi). Plus largement, nous appelons à une vraie coordination européenne des politiques migratoires et d’asile. Elle suppose la suppression des accords migratoires avec des états-tiers comme la Turquie et la Libye visant à sous-traiter le contrôle des frontières, dans des conditions inhumaines. Elle requiert la révision du règlement Dublin qui concentre les demandes d’asile en Espagne, en Italie, en Grèce, dans les États baltes et à la frontière polonaise. De surcroît, il est fondamental de réformer en profondeur l’action de Frontex : il faut mettre un terme à la semi-privatisation de l’agence européenne, à sa paramilitarisation et à la non-conformité de son action avec les droits fondamentaux.

Enfin, nous appelons aux rassemblements, à Calais, à Dunkerque et également à la commémoration et dénonciation des décès à la frontière, organisée par le collectif Faim aux frontières ce jeudi 25 novembre 2021 à 20h à Paris, place de la République.

Eva Sas et Alain Coulombel, porte-paroles
La commission Immigration d’EELV